La récolte de matériaux et l’incitation

Tout démarre par 1 mois de collecte de matériaux en plastique colorés récupérés par les élèves. Emballages, bouchons, jouets cassés, vieux feutres et autres trouvailles, et les voilà déversant avec joie leur collection dans un vacarme de plastique prometteur d’animation. Pas de panique, les élèves sont comme fous devant les trésors colorés sauvés de la décharge. Pour clore le tout, 25 minutes pour mettre en forme quelque chose en équipe. Pas de colle, de scotch, juste des objets !

 

Pour le lecteur ultra pressé vous pouvez vous rendre directement à la version résumée dans le diaporama en fin d’article. (Mon 1er essai de diaporama avec Prezi soyez indulgents).

Réalisation

La course du temps favorise la spontanéité, le chalenge et les gestes de la sculpture, de l’assemblage ou de l’installation se posent d’eux-mêmes dans les propositions des élèves.

Le beau temps passager ne permet qu’à une seule classe de travailler dehors. La solution de repli dans la salle fonctionne aussi, par groupe de tables ou au sol.

Certains commencent un classement par formes, par couleurs, tailles, d’autres se laissent porter par les corrélations entre les objets et installent des petites scènes comme autant d îlots qui peuplent la salle peu à peu. D’autres se laissent porter par une histoire commune représentant la mer, la verdure, un bar, un château, jusqu’à une ville entière. Et puis ceux qui sont juste dans le plaisir de l’organisation spatiale en largeur et de façon tentaculaire, et en hauteur érigeant parfois des équilibres précaires.

En milieu de séance je propose quelques figurines aux groupes qui le souhaitent. Le projet ayant démarré, le choix heureusement n’est pas collectif. Certains élèves soulèvent que ça ne correspond pas au projet en route ou que cela n’est pas nécessaire. Ce choix permet une orientation figurative ou abstraite du tableau d’objets qui se dessinent rapidement.

Les territoires s’installent limités par les bordures de table, la fin du mot constitué, la scène achevée, une barrière.

Photographie

Prendre les photos se fait alors en urgence afin de garder une trace et que chaque groupe démonte et range rapidement, le timing du cours est un véritable chalenge parfois, pour moi aussi. Une grosse caisse les attend pour tout vider dedans, en prenant soin de mettre les figurines à part.

Il n’est pas toujours évident de rendre compte de la richesse des propositions des élèves en quelques photos. Pendant les prises, je pose des questions aux élèves sur leur(s) intention(s) et ne manque pas de soulever les qualités de leur travail, si éphémère.

Verbalisation commune

Résultats

La projection des photos prises permettent de voir le travail avec un certain recul, même si elle ne montre que quelques points de vue des réalisations. Les questions portent sur les gestes, techniques, matériaux, difficultés, découvertes, appropriation de l’espace, figuration ou abstraction. La réappropriation des acquis précédents prend son sens. Les élèves remobilisent les connaissances des travaux précédents sur la mise en valeur donné en début d’année en érigeant des socles ou encore reprennent les gestes de l’assemblage des « animot-valises ».

Les objets s’empilent, s’accumulent, se regroupent, s’organisent dans l’espace de façon tentaculaire parfois symétrique.

Par quels processus l’objet du quotidien devient-il artistique ? Anecdotique ? Comment est-il détourné de sa fonction première ?

Références artistiques

Quelques pistes pour établir un parallèle avec d’autres œuvres d’art ou démarches artistiques.

• · Tony Cragg
• · Erro
• · Tadashi Kawamata
• · Arcimboldo (16e)
• · Bernard Pras

 

Tony Cragg

Erro, foodscape 1970

Tadashi Kawamata

Autoportrait d’Arcimboldo. Le Bibliothécaire, de Giuseppe Arcimboldo. Huile sur toile, 110 x 72 cm, 1562. (Musée de Skokloster, Suède)

Bernard Pras, réinterprète « le cri » d’Edward Munch (à droite Munch)

Ces 2 tableaux pourraient être l’articulation d’un futur sujet…

 

Diaporama de présentation du cours

Utilisez les flèches pour vous déplacer d’une diapositive à l’autre. En grand écran c’est encore mieux !

 

Vidéo de l’ensemble des réalisations

Conclusion

Ce sujet ouvre de nombreuses questions en rapport au programme de 6^e basé sur l’objet et l’œuvre. Il interroge le statut de l’objet.

Quel est l rôle de l’objet ? Comment l’objet peut-il être mis au service d’une narration ? Comment l’objet devient-il matériau constitutif de l’œuvre ? Comment la fonction de l’objet est-elle oubliée, détournée, transformée ? Comment l’objet s’oublie-t-il au profit de l’image globale ? (le tout, la partie). L’espace de l’œuvre est-il déterminant dans ce cas de figure ? …

Il permet de la part des élèves d’investir les gestes de la sculpture et de l’installation comme un simple jeu spontané.

Enfin, les objets récupérés pourront être mis au service d’un futur sujet… Peut-être ferez-vous part de vos idées dans les commentaires…

S. Ladic