Le bleu dans l’art, l’histoire, la culture Part.2

Le bleu dans l’art, l’histoire, la culture Part.2
Le bleu dans l’art, l’histoire, la culture Part.2

Suite du panorama bleu. (Voir partie 1)

Le bleu comme couleur de l’âme et de l’inconscient

Le bleu est associé au rêve et à l’inconscient par les artistes surréalistes au 20e siècle.

Paul Éluard nous dit : «La terre est bleue comme une orange».

René Magritte

René Magritte

René Magritte1  René Magritte2Castle in the Pyrenees Rene MagritteRene Magritte -  Night in Pisa, René Magritte, 1953René Magritte Nuages

René Magritte

Der blaue reiter (Le Cavalier bleu),

mouvement d’art majeur de l’expressionnisme allemand.

Fin de l’année 1911, voyait le jour Der blaue reiter (Le Cavalier bleu), mouvement d’art majeur de l’expressionnisme allemand.

Le Cavalier bleu tient son nom d’un tableau de Franz Marc représentant de façon un peu abstraite des chevaux bleus. Il s’imposa très vite comme un mouvement essentiel dans le monde de l’art avec des artistes tels Wassily Kandinsky , August Macke, Franz Marc ou Paul Klee, rassemblés à Murnau près de Munich.

Ce mouvement, alliant aussi bien des aquarelles abstraites (Kandinsky) qu’une poésie de la nature et de la couleur (Macke, Marc), a fait date, entraînant dans sa foulée la célèbre école du Bauhaus fondée par Walter Gropius à Weimar.

Franz Marc

Franz Marc

Les romantiques allemands

ont célébré le culte de cette couleur mélancolique.

Caspar David Friedrich

Le Voyageur contemplant une mer de nuages, 1818, Caspar David Friedrich, (Hambourg, Kunsthalle)

Ou encore

Novalis : die blaue Blume (la fleur bleue) ou le Rêve d’Henri d’Ofterdingen

Et

Caspar David Friedrich2

Caspar David Friedrich, Cimetière de monastère dans la neige, 1819

Caspar David Friedrich3

David Caspar Friedrich, Paysage de montagne sous la brume, 1808, 71×104, huile sur toile, Museum Schloss Heidecksburg, Rudolstat

Une forme du jazz, le « blues »,

est considérée comme le chant de l’âme.

B. B. King (pour Blues Boy), de son vrai nom Riley B. King, né le 16 septembre 1925 à Itta Bena, dans le Mississippi aux États-Unis et mort le 14 mai 2015 à Las Vegas, est un guitariste, compositeur et chanteur de blues américain. Il est considéré comme l’un des meilleurs musiciens de blues.

<iframe width= »640″ height= »480″ src= »https://www.youtube.com/embed/6jCNXASjzMY?rel=0″ frameborder= »0″ allowfullscreen></iframe>

Le bleu de l’eau

La mer est devenue bleue au fil des âges. En effet elle était verte conventionnellement quand on la représentait de l’antiquité moderne jusqu’à l’aube des temps modernes ; en témoignent les 1eres cartes marines. Entre fin du 14e et le début du 18e siècle elle change progressivement de couleur du vert au bleu. Par codification le bleu pour la mer permet notamment de différencier les eaux des forêts sur les cartes.

Nicolas de Stael

Nicolas de Stael

Cy Twombly – Sea, 1971

Cy Twombly – Sea, 1971

Cy Twombly

Cy Twombly

 

David Hockney :

David Hockney David Hockney 2

David Hockney 3David Hockney 4

David Hockney 5

David Hockney pool at the Roosevelt Hotel

David Hockney déclina le thème de la piscine durant toute sa vie.

 

Gerhard Richter

Gerhard Richter

 

Joan Mitchell

Joan Mitchell

 

Zaria Forman1Zaria Forman2

Zaria Forman, voir son site : ici

Zaria Forman qui vit et travaille à New York, travaille de grands formats au pastel. L’eau, la glace, ici les icebergs du Groenland.

 

Le bleu au-delà de son rôle de mimétisme

Henri Matisse

Henri Matisse était particulièrement intéressé par la couleur mais ne cherchait pas forcément à représenter ce qu’il voyait dans la nature :

«  Quand je mets un vert, ça ne veut pas dire de l’herbe, quand je mets du bleu, ça ne vaut pas dire du ciel. »

Le tableau s’organisait de lui-même par l’équilibre et la résonance des couleurs entre elles.

Il tenait compte aussi de la surface colorée :

« 1 cm2 d’un bleu n’est pas aussi bleu qu’un m2 du même bleu. »

A la fin de sa vie Matisse atteint la synthèse de la forme et de la couleur qu’il a toujours recherchée en peignant en bleu des formes abstraites et sobres découpées au ciseau.

Nu Bleu IV – Jazz d’Henri Matisse 1952

Nu Bleu IV – Jazz d’Henri Matisse 1952

A la fin de sa vie Matisse atteint la synthèse de la forme et de la couleur qu’il a toujours recherchée en peignant en bleu des formes abstraites et sobres découpées au ciseau.

Nu Bleu – ’Henri Matisse

Henri Matisse, Jazz – Icare

Henri Matisse, Jazz – Icare (pl. VIII), planche au pochoir d’après les gouaches et sur les découpages d’Henri Matisse.
Paris, Tériade Éditeur, 1947. Musée Matisse, Nice. Don des héritiers de l’artiste, 1963. Photo : Archives Henri Matisse. © Succession H. Matisse.

Paul Gauguin :

Arbres bleus - Paul Gauguin 1888

Arbres bleus – Paul Gauguin 1888

 Paul Gauguin

Gauguin

« La couleur qui est vibration de même que la musique», ces mots de Paul Gauguin illustrent bien l’usage si particulier qu’il fait des couleurs. Il les compose, les harmonise, les fait dissoner…

L’oeuvre de Paul Gauguin influencera fortement les nabis et les fauves.

Le fauvisme consiste aussi à ne pas peindre ce que nous savons, mais ce que nous voyons, quitte à l’exagérer. Donc en fonction de la lumière, les couleurs auront des dominantes, qui seront mises en avant.

 

Pierre Alechinsky :

Pierre Alechinsky

Pierre Alechinsky, arbre bleu 2000.

arbre bleu Pierre Alechinsky

Pierre Alechinsky, arbre bleu 2000.

Pierre Alechinsky, dans le cadre du projet des « Murs peints de l’an 2000″, a peint un immense Arbre bleu sur la façade d’un immeuble du 5e arrondissement de Paris, à l’entrée du quartier Mouffetard-Contrescarpe.

Réalisée directement sur le mur, l’Arbre bleu se distingue au milieu des immeubles gris

La peinture est accompagnée, à la demande de l’artiste, d’un poème d’Yves Bonnefoy. C’est comme un dialogue entre les mots du poème et la peinture qui l’accompagne. Le poème d’Yves Bonnefoy évoque la nécessité de préserver la nature dans les villes, c’est comme une bouffée d’oxygène. Le poète nous explique aussi que, bien que ce ne soit que la représentation d’un arbre, elle offre néanmoins aux spectateurs un coin de ciel bleu.

L’immense Arbre bleu est entouré, sur quatre côtés, d’une série de vignettes destinées à compléter le sens du tableau. Ces petites cases qui ressemblent à une bande dessinée s’appellent des prédelles. C’est au spectateur d’inventer l’histoire ! Elles interagissent avec l’image centrale appelant notre œil à naviguer entre les deux. Ces images en périphérie nous montrent des arbres brûlés, minuscules et faibles, et des fragments de vie urbaine (escaliers, bâtiments…)

 

Le bleu : froid ou chaud ?

Les glaciers sont blancs nous dit Michel Pastoureau mais les super glaciers sont bleus, au-delà du blanc ou super blanc. Jusqu’à la renaissance, voire dans certains cas jusqu’au 18e siècle le bleu est une couleur chaude. (Cf. Traité des couleurs de Goethe parut en 1810 pour qui le bleu est chaud et le jaune est froid). Dans l’absolu il n’y a pas de couleurs chaudes ou froides, ce sont des conventions qui peuvent varier selon les époques. Cette nuance est fort importante car si on analyse un tableau de la renaissance avec nos yeux de contemporains et sans tenir compte de cette information, on peut se tromper complètement !

De nos jours donc le bleu est une couleur froide et sa couleur complémentaire est le orange. (voir La couleur expliquée et son vocabulaire )

 

Le bleu de la tristesse

1903 Picasso entame sa période bleue après le suicide de son ami Carlos Casagemas en 1901. Elle va durer jusqu’en 1904 et se caractérise par une utilisation envahissante du bleu comme couleur et une ambiance profondément mélancolique. Il peint le portrait d’exclus de la société et des drames qui traversent notre vie : vieillesse, mort, pauvreté, misère, solitude, mendiant, aveugles, pauvres. Ses personnages sont souvent faméliques et se rapprochent de l’expressionnisme du Greco.

Picasso - Vieux Juif avec un garçon - Jeune homme

Picasso – Vieux Juif avec un garçon – Jeune homme

Picasso,Les pauvres au bord de la mer, 1903 –

Picasso,Les pauvres au bord de la mer, 1903 – Huile sur panneau de bois, 105×69 cm – National Gallery of Art, Washington

Picasso, La Vie, 1903

Picasso, La Vie, 1903 – Huile sur toile, 197×127,3 cm – Cleveland Museum of Art

Picasso

Picasso

Pablo Picasso, 1901 Autoportrait

Pablo Picasso, 1901 Autoportrait

Le blues musical fait aussi partie de cette rubrique, abordé par ailleurs.

 

Le bleu dans la peinture

Yves Klein

Yves Klein a fait du bleu sa couleur de prédilection, au point de déposer un brevet sur son fameux bleu IKB qui signifie International Klein Blue. C’est en 1956, qu’il met au point cette nouvelle teinte, faite avec du pigment pur de bleu Outremer dont il parvient à conserver l’intensité en utilisant un nouveau liant à base d’alcool éthylique et d’acétate. C’est un chimiste qui l’aidera : Edouard Adam. Il l’appliquera non seulement sur des tableaux monochromes, mais également sur du papier, des objets, des éponges et même des sculptures.

Il n’est pas le premier à peindre un tableau monochrome, avant lui, en 1918, Kasimir Malevitch avait peint « le Carré blanc sur fond blanc », mais c’est le premier à réaliser autant de tableaux monochromes (entre 1955 et 1962, il réalisa quelques 194 monochromes), ce qui est un brin provocateur pour l’époque : un tableau, dont la surface est d’une seule couleur, est-il une oeuvre d’art ?

Klein_ikb_3_1960_4

Klein_ikb_3_1960_4

« IKB 3 fait partie d’une série, peinte entre 1960 et 1961, de quinze de ces monochromes dont la spécificité réside dans leurs dimensions symboliques de 2m x 1m50, « à peine plus hautes que la moyenne des spectateurs et d’une largeur inférieure à l’envergure des bras ». Conçus à la mesure du corps humain, ces monochromes, tout comme les anthropométries, signifient chez Klein le lien intime qui unit la peinture au corps et à la chair. »

Anthropométries d’Yves Klein

Anthropométries d’Yves Klein

Anthropométries’Yves Klein Anthropométries Yves Klein1

Anthropométries d’Yves Klein

Anthropométries Yves Klein3

Anthropométries d’Yves Klein

Passé également maître dans l’art de la mise en scène, il organise une exposition le 28 avril 1958, chez Iris Clert, où les visiteurs, après être passés sous un porche surmonté d’un dai bleu profond, avoir été invités à boire une boisson bleue, se retrouvent dans une salle de vingt mètres carrés peinte en blanc poudré et doivent imaginer les toiles bleues accrochées au mur.

Toute la force de Klein est de nous imprégner de ce bleu Outremer et de nous entraîner au-delà de l’existence matérielle du tableau. Il n’y a plus de toile devant nos yeux, de délimitation d’un espace, nous sommes au cœur du bleu profond, dans l’abstraction. Pour Klein, « le bleu n’a pas de dimension, il est hors dimension, tandis que les autres couleurs, elles, en ont (…). Toutes les couleurs amènent des associations d’idées concrètes, matérielles et tangibles, tandis que le bleu rappelle tout au plus la mer et le ciel, ce qu’il y a après tout de plus abstrait dans la nature tangible et visible ».

Yves Klein nous parle du bleu chez Giotto dans une conférence à la Sorbonne en 1959, pour répondre à la question : Pourquoi le bleu ?

Il dit avoir reçu un choc à Assise dans la basilique de saint François en voyant les fresques bleue attribuées à Giotto. Il soulève la monochromie du ciel pur et sans nuage. Peu de temps avant, lors d’une exposition collective il décide de ne pas exposer de tableau ou d’objet tangible ou visible dans l’espace qui lui était attribué. Lors du vernissage il déclame devant le public des paroles empruntées à Gaston Bachelard : « D’abord il n’y a rien, ensuite il y a un rien profond, puis une profondeur bleue ». L’organisateur de l’exposition demandant à Klein où se trouve son œuvre, il répond : « là, là où je parle en ce moment». Et à la question de son prix : « Un kilo d’or, un lingot d’or pur d’1 kg me suffira, car la sensibilité picturale à l’état de matière première dans l’espace spécialisée et stabilisée par l’artiste, les quelques paroles prononcées, ont fait couler le sang de cette sensibilité spatiale ; ainsi on ne peut demander de l’argent. Le sang de la sensibilité est bleu dit Chailley et c’est aussi mon avis. Le prix du sang bleu ne peut être en aucun cas celui de l’argent, il faut que ce soit de l’or.

Yves Klein défend la primauté de la couleur sur le dessin. Un vieux débat qui apparaît dès la fin du moyen-âge chez les artistes : en d’autres mots, qu’est ce qui est important, le dessin ou la couleur ? il faut attendre Hegel pour dire que sans la couleur la peinture n’est rien. Un débat qui oppose au 19e Ingres (la ligne) et Delacroix (la couleur). Jusqu’à Klein, l’art abstrait non figuratif, on a cette violente opposition.

« Pour moi les couleurs sont des êtres vivants, les véritables habitants l’espace, la ligne elle ne fait que le parcourir, voyager au travers, elle ne fait que passer. »

Yves klein

Yves klein

Portrait relief Arman, Yves Klein

Portrait relief Arman, Yves Klein. Le bleu ici amplifie la présence lumineuse et immatérielle de la représentation de son ami.

Le bleu de Jacques Monory

A la fois bleu du souvenir, celui d’une distance prise par le regardeur sur une scène cinématographique ou réelle. Histoire de rue, de crime le bleu et les découpes permettent d’entrevoir les évènements représentés avec froideur et recul.

Il est l’un des principaux représentants du mouvement de la Figuration narrative qui, au milieu des années 1960, s’est opposé à la peinture abstraite avec, notamment, les peintres Hervé Télémaque, Erró, Rancillac, Peter Klasen, Eduardo Arroyo, Valerio Adami… Profondément préoccupé par la violence de la réalité quotidienne, les tableaux de Monory suggèrent des atmosphères lourdes et menaçantes. Les thèmes sont développés à travers des séries et les images qu’il utilise sont directement issues de la société contemporaine. Des emprunts photographiques et cinématographiques, le recours à la monochromie, la froideur de la touche et de la composition caractérisent un style singulier et engagé dans la représentation, et baignent souvent dans un monochrome bleu.

Monory : Meurtre N°1

Monory : Meurtre N°1

Il réalise en 1968 plus de 10 toiles sur le sujet de la violence dans le quotidien.

Pour Monory « ce n’est ni le bleu du ciel ni le bleu de la mer, mais celui de la télé noir et blanc ! Quand on la photographie, elle est bleue ». Le peintre qui affectionne les subtilités de la peinture à l’huile précise : « Le bleu, ça va du noir au blanc, du plus sombre au plus clair » avant d’ajouter : « Le bleu c’est lointain, c’est la rêverie, c’est romantique ! ».

Meurtre n°2

Meurtre n°2

Tremblement n°1

Tremblement n°1

La Voleuse n°1, 1985

La Voleuse n°1, 1985, huile sur toile, 170×340 cm (Collection privée).

2010 Peinture sentimentale N°8

2010 Peinture sentimentale N°8, huile sur toile et photo sous plexiglas

 

Le bleu dans la sculpture, les installations

Anish Kapoor :

Anish Kapoor, né le 12 mars 1954 à Bombay, Inde, est un artiste plasticien (principalement sculpteur) britannique.

Kapoor est reconnu pour ses créations inspirées à la fois de la culture occidentale et de ses origines orientales. Parmi ses influences diverses peuvent être cités Mantegna, Joseph Beuys, Barnett Newman et Yves Klein.

Les caractéristiques de son œuvre sont : des formes simples, incurvées, monochromatiques (d’une seule couleur) et de couleurs intenses. Le spectateur s’interroge alors sur de mystérieuses cavités sombres, étonnantes par leur taille et leur beauté épurée, tactiles, et fascinantes en raison de la réflexion de leurs surfaces. Ses premières œuvres étaient recouvertes, en totalité et sur le sol environnant, de poudres de pigments divers. Cette pratique était inspirée de son Inde natale où Kapoor voyait des tas d’épices colorées sur les marchés et les temples. Ses travaux ultérieurs s’intéressent à de massives pierres issues de carrières, et jouant avec la dualité terre-ciel, matière-esprit, lumière-obscurité, visible-invisible, conscient-inconscient, mâle-femelle et corps-âme. Ces travaux récents sont basés sur des surfaces réfléchissantes et miroirs, renvoyant au spectateur une image déformée de lui-même et de l’environnement.

Anish Kapoor 1

Anish Kapoor 2

Anish Kapoor 3Anish Kapoor 4Anish Kapoor 5Anish Kapoor 67Anish Kapoor 7

Anish Kapoor 8

Sky Mirror au Kensington Gardens à Londres.

 

Le bleu de l’espace, de l’architecture et des environnements

Les cieux de Giotto comptent parmi les premiers « fonds bleus » cités dans l’histoire de la peinture, par analogie et opposition aux « fonds d’or » caractéristiques des icônes paléochrétiennes. Une des innovations du peintre « pré renaissant » était de représenter les scènes bibliques sur fond bleu. Le Ciel théologique se trouvait là associé à la couleur bleue. Ce glissement de l’or au bleu, dans le cadre spécifique de la foi chrétienne, pose la question de la proximité symbolique de ces deux couleurs. En utilisant le bleu pour ses fonds, Giotto répondait pertinemment à un certain nombre de questions, tant d’ordre théologique que spatial, qui se trouvaient ainsi solutionnées voire sublimées. Au plan théologique, le bleu, à partir de Giotto, est devenu une couleur idéologique : le bleu de l’Ether, Ciel de Dieu. Le fond bleu, à partir de Giotto, est à la fois figure et lieu. Ce fond, s’il semble relever de la tradition byzantine, peut être lié à l’idée de l’absence, du vide, ou de la vacuité où les figures semblent flotter dans l’espace infini. Le bleu dématérialise la peinture, transforme la perception de l’espace.

Giotto, Assise

Giotto, Assise : la chapelle Saint-Nicolas de la basilique Saint-François.

Giotto - Padoue- la chapelle Scrovegni

Giotto – Padoue- la chapelle Scrovegni 1303-1306. Vue des fresques de la voute.

Le bleu de Padoue

Le bleu est la première couleur qui frappe le visiteur lorsqu’il pénètre dans la pénombre de la Capella degli Scrovegni. Inhabituel par sa vivacité pour l’époque, il tranche avec le coloris sombre des mosaïques byzantines et les couleurs des fresques siennoises ou de Cimabue. La couleur semble prédominer sur la forme ou l’architecture comme une lumière.

 

Cy Twombly

Cy Twombly, un plafond bleu Giotto pour le Louvre, un bleu qu’il a rarement utilisé dans ses oeuvres.

The ceiling, Cy Twombly

Cartouche de Polyclète, The ceiling, Cy Twombly, plafond de la salle des Bronzes du Musée du Louvre

«C’est vrai, j’ai peu utilisé le bleu, hormis ma dernière série exposée à Athènes. Pour moi, ce n’est pas le bleu de la Grèce, ni du ciel, ni de la mer. C’est le bleu de la peinture, le bleu de Giotto que j’ai recherché, un bleu simple et plein, entre cobalt et le lapis-lazuli»

The ceiling, Cy Twombly 1

    « J’ai utilisé les cercles en guise de boucliers dans le ciel bleu. Pour ce qui est de l’écriture, les Grecs écrivaient sur tout, vous savez. Même sur une petite coupe, ils inscrivaient « J’appartiens à Phidias » ou d’autres choses du même genre. Un jour, j’ai fait la maquette, juste comme ça, en me servant d’une bouteille ou d’un verre pour dessiner les cercles. Ensuite, je n’ai ajouté aucun changement, quel qu’il soit. J’ai vu une amie artiste, Barbara, passer devant mon atelier. Je lui ai dit d’entrer et de mélanger les couleurs pour moi. J’avais un nuancier avec toutes les variétés de bleus, le bleu profond, les couleurs caramel, le gris brunâtre. Et pour les cercles, j’en ai mis un ici et un autre là-bas. Pour qu’ils ne sautent pas. Cela reste assez plat. Il n’y a pas de conflit entre eux. Je ne voulais pas d’animation. Ils sont juste sur les bords et j’ai laissé le plafond ouvert sur le ciel bleu, un bleu Giotto. » Cy Twombly

The ceiling, Cy Twombly 2

Le nom de sept sculpteurs grecs est inscrit dans des cartouches blanches. Le plafond éclaire la salle et égaye les bronzes antiques que Cy Twombly aimait collectionner. Son oeuvre s’inspire souvent de la mythologie greco-romaine. Il vivait depuis plusieurs années en Italie dans une maison entre Rome et Naples.

Jean Vérame  :

Jean Vérame est un plasticien français, d’origine belge, vivant en France, né en 1936 à Gand (Belgique) Peintre et sculpteur, Jean Vérame situe son travail à la dimension du paysage et développe un art nomade à l’échelle de la planète

Jean Vérame

Jean Vérame 1Jean Vérame 2Jean Vérame 3Jean Vérame 4

Jean Vérame, Tibesti. Tchad, 1989

Jean Vérame 5Jean Vérame 6Jean Vérame 7Jean Vérame 8

Maroc Tafraout (Anti-atlas) 1984

Jean Vérame peint l’étendu infini du désert, échangeant sa toile pour le paysage sans limite. Les bleus et autres couleurs très saturées qu’il utilise ne sont pas sans rappeler celles de Klein. Son œuvre entend aussi capter «la vibration naturelle du cosmos»

Jean Vérame 9 Jean Vérame 10

Un des mille bronzes en offrande au désert du Sahara 1995 Jean Vérame © Photos Jean Verame

Jean Verame conçoit et fait réaliser en bronze, mille pièces en 1995 et fait lancer par avion ces mille bronzes en cinq vols successifs dans les sables du Sahara. Mille bronzes ont ainsi été coulés chez Airaindor-Valsuani à Chevreuse, ont été exposés une seule fois au Musée de l’Homme à Paris, puis ensuite largués dans les sables du Sahara.
« Ces pièces signées, numérotées, portant cachet de fonderie et patinées en bleu sont un cadeau à celui ou celle qui les trouve, mais à un homme hors-temps, aussi bien celui d’aujourd’hui que celui d’après-demain. »

Ce geste fort coûteux inscrit l’art hors du temps. Pour une démarche de land artiste habitué à l’aspect éphémère de la production (voir Le Land Art, un partenariat entre l’art et le paysage ) le matériau employé est cette fois-ci redoutablement solide ; le bronze saura peut-être appartenir à l’archéologie du futur !

Voir son site : http://www.jeanverame.com/preface_deserts.php

Lita Albuquerque

Lita Albuquerque est une artiste américaine, plutôt engagée dans le courant du Land Art, mais elle pratique aussi la peinture, la sculpture et les installations.

Antarctica Lita Albuquerque 2006

« Stellar Axis : Antarctica ». Lita Albuquerque 2006

En décembre 2006, Lita Albuquerque reçoit l’appui de la United States National Science Foundation pour la réalisation de la plus imposante oeuvre de Land Art jamais créé sur le continent antarctique : Stellar Axis : Antarctica. Stellar Axis est conçue comme une carte des étoiles, composée de 99 sphères bleues aquamarine, alignées sur la banquise de Ross en Antarctique, la taille de chaque sphère correspondant à la luminosité de l’étoile concordante.
L’échelle du projet et la difficulté du lieu contribuent à faire de cette expérience un cas exceptionnel dans le land art, plus habitué à l’accueillante verdure des champs et des forêts.

L’œuvre établi un dialogue entre la terre et l’espace infini du cosmos. L’œuvre a été qualifiée de «Stonehenge des temps modernes » combinant art et science, et examinant la relation de l’homme au cosmos.

Antarctica Lita Albuquerque 2006 2

« Stellar Axis : Antarctica ». Lita Albuquerque 2006

Sol-Star- Lita Albuquerque

1996-Sol-Star- Lita Albuquerque

Lita Albuquerque

Lita Albuquerque

Lita Albuquerque 2

Lita Albuquerque

 

James Turell

(nous l’avions vu ici : La lumière dans l’art et dans tous ses états Part 3 )

James Turell est un artiste américain. Il est né en 1943 à Los Angeles dans une famille quaker d’origine franco-irlandaise, il vit et travaille à Flagstaff en Arizona, ainsi qu’en Irlande. Son médium de prédilection est la lumière. Depuis la fin des années 60, les installations de James Turrell, appelées aussi « environnements perceptuels », sont réalisées à partir d’un seul matériau : la lumière, naturelle ou artificielle. Mis à part les dessins et les plans qui accompagnent ses œuvres de plus grande envergure, sa production ne comporte ainsi aucun objet en tant que tel. Ses interventions, ses installations « en chambre » ou à ciel ouvert, procèdent toutes d’une quête artistique qui déstabilise nos relations au réel. En manipulant la lumière, James Turrell sollicite les sens, il se joue de la perception du spectateur, il la bouscule, la trompe… Entre ses mains la lumière prend une extraordinaire matérialité, création d’espaces fictifs… troublant puis fascinant…
 James Turell James Turell2 James Turell3 James Turell4 James Turell5 James Turell6 James Turell7 James Turell8

James Turell

 

Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent

majorelle

Le jardin Majorelle est un jardin botanique touristique inspiré de jardin islamique d’environ 300 espèces sur près d’un hectare à Marrakech au Maroc et un musée de la culture berbère. Il porte le nom de son fondateur, l’artiste peintre français Jacques Majorelle (1886-1962), qui l’a créé en 1931. Acheté par Yves Saint Laurent et Pierre Bergé en 1980, il appartient à ce jour à la Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent et la maison est labellisée Maisons des Illustres depuis 2011.

 

moutons bleus de la paix

120 moutons bleus, installés par l’artiste allemand Rainer Bonk, place du Château, à Strasbourg. Une installation originale et éphémère destinée à véhiculer un message de paix. Le bleu symbolise ici aussi l’Europe.

 

Cracking Art Group

Cracking Art Group

Cracking Art Group Installation Duomo Milano Regeneration (Snails Installation) - Milan - Cracking Art Group

« Regenaration » Cracking Art Group Installation Duomo Milano.

Le bleu de la publicité

Le blues de la publicité :

L’affiche bleue Une plage de tranquillité dans le chaos urbain. Après les affiches noires sans publicité voici les affiches bleues. Ce tableau d’un bleu monochrome aperçu par hasard au détour d’une rue n’est bien sûr pas une oeuvre d’Yves Klein. Son IKB, « International Klein Blue », est plus profond, plus violent. Ici la couleur bleue est pâle, couleur de ciel, apaisante. C’est une petite touche de douceur succédant, bien involontairement à la cacophonie publicitaire habituelle. La communication est devenue muette. Porte de Versailles et Mairie d’Issy sont des stations en bout de ligne, moins fréquentées que celles du centre. Cette épidémie d’affiches monochromes va-t-elle s’étendre au coeur de Paris? La station Place de Clichy est déjà atteinte par la maladie bleue. Affiches bleues sur les murs de Paris (août 2009)

affiche bleue

affiche bleue 2

affiche bleue 3

Couloir Place de Clichy

 

Quelques publicités bleues

 

publicité bleue publicité bleue 2publicité bleue 3 publicité bleue 4publicité bleue 5publicité bleue 6

(1982-Gitanes, allumettes nuit bleue)

 

A aborder avec des élèves dans un but préventif et écologique (écologie du corps inclus 🙂

Publicité pour adidas :

Avril 2013, comme chaque année, l’équipe de Chelsea change son maillot, un événement pour les supporters. Adidas, leur équipementier, a d’ores et déjà lancé les préventes sans dévoiler pour autant l’allure du fameux t-shirt. Pour faire patienter les fans, un teasing publicitaire très esthétique plonge les Fernando Torres, John Terry ou encore Juan Mata dans un gigantesque pot de peinture bleue.

Voir la pub ici 

<iframe width= »853″ height= »480″ src= »https://www.youtube.com/embed/m9kAH2v9200?rel=0″ frameborder= »0″ allowfullscreen></iframe>

adidas

adidas

 

Le bleu lumière

Cathédrale de Rouen, extrait de la série de Claude Monet

Cathédrale de Rouen, extrait de la série de Claude Monet qui a peint le monument sous divers lumières ou saisons.

Claude Monet - Palazzo Contarini, Venezia, 1908

Claude Monet – Palazzo Contarini, Venezia, 1908.

 

Dan Flavin

Dan Flavin

L’œuvre de Dan Flavin plonge le spectateur dans le bleu, grâce à une sculpture en néons bleus. Ici, Dan Flavin fait référence au bleu qu’Yves Klein utilise de façon quasi obsessionnelle dans ses œuvres. Cela revient à faire une citation de son œuvre.

Nous pourrions mettre dans cette rubrique les œuvres de Klein pour la couleur lumière, mais aussi Van Gogh, Giotto, Miro, Kandinsky, James Turell

 

Le bleu pur et ses nuances, ses associations

Fin du 19e les artistes s’interroge sur la pureté des couleurs.

Un bleu pur c’est-à-dire concentré sur lui-même est non mélangé à d’autres couleurs.

Une couleur ne vient pas seule, elle prend du sens associée à d’autres.

Depuis les temps anciens, l’or et le bleu ont entretenu des liens artistiques étroits avec le divin, et ce quasi universellement. Il faut entendre par « divin » ce qui transcende l’homme. Les deux couleurs symbolisent la présence divine, mais également un sentiment d’Infini et d’éternité.

« La terre est bleue comme une orange. » Paul Eluard

Le bleu et le rouge : un fort contraste comme nous l’avons vu très utilisé par les artistes comme en témoignent les images de ce billet.

Joan Miró né le 20 avril 1893 à Barcelone et mort le 25 décembre 1983 à Palma de Majorque, était un peintre, sculpteur et céramiste espagnol, considéré comme un artiste majeur du surréalisme et de l’Art moderne. L’un des plus radicaux théoriciens (et fondateurs) du surréalisme, André Breton, décrit Miró comme « le plus surréaliste d’entre nous », même si celui-ci rejette toute idée d’appartenance à un mouvement pictural entre deux-guerres. Miró exprime son mépris provocateur pour la peinture (au moins celle que l’on considère conventionnellement) et son désir de la tuer et de l’assassiner en faveur de nouveaux moyens d’expression dans de nombreux écrits et entrevues des années 1930.

Joan Miró1Joan Miró2Joan Miró3

Joan Miró

Des expressions avec la couleur bleue

avoir le sang bleu: être d’origine noble
avoir les bleus: être triste, mélancolique
casque bleu: soldat de l’ONU
col bleu: ouvrier
colère bleue: colère violente
conte bleu: discours mensonger
cordon bleu: personne très habile en cuisine
détenir le ruban bleu: avoir la première place
donner son bleu à quelqu’un: le renvoyer
du gros bleu: vin rouge de mauvaise qualité
en être tout bleu: être figé d’étonnement
en rester bleu: être figé d’étonnement
être blanc-bleu: avoir une réputation intacte
être bleu: être figé d’étonnement
être bleu de quelqu’un (_expression belge): être amoureux fou
être chocolat bleu pâle (_expression belge): être mal en point, avoir mal au coeur
être dans le bleu: être dans l’incertitude, être dans un rêve
être fleur bleue: être candide, être naïf
faire le bleu: sécher les cours
la grande bleue: la mer Méditerranée
la planète bleue: la planète Terre
l’heure bleue: moment qui précède l’aube
l’or bleu: richesse représentée par la mer et le tourisme qui y est lié
menton bleu: menton rasé laissant deviner une barbe très noire
n’y voir que du bleu: n’y rien voir
papier bleu: acte d’huissier
passer au bleu: oublier dans un but précis
steak bleu: steak grillé extérieurement mais cru à l’intérieur
un bas-bleu: une femme savante et ridicule
un petit bleu: télégramme
une peur bleue: peur violente

 

Pour conclure

Comme on l’a vu les conventions, les sensibilités et l’évolution des connaissances interviennent dans la façon de considérer le bleu en fonction des époques. Le bleu est très codifié selon le pays ou le moment dans l’histoire.

Le bleu est un excellent thème transdisciplinaire, il est possible de lier la physique-chimie, l’histoire – géo, les arts plastiques, l’éducation musicale…

© Sylvia Ladic

 

 

Sources :

 

quelques livres :

 

 

 

 

Si vous avez aimé cet article, vous aimerez aussi peut-être :

Be Sociable, Share!

15 Responses »

  1. Pingback: Le bleu dans l’art, l’histoire, la ...

  2. Pingback: [tri Histoire Arts] | Pearltrees

  3. Pingback: LES COULEURS | Pearltrees

  4. Pingback: Historia del Arte - Materiales por asignatura | Pearltrees

  5. merci pour cette description
    je peux vous demander une petite aide si vous plait
    je dois créer une affiche communiste pour encourager les gens à aller à l école mais la je sèche
    merci beaucoup pour votre aide

    • Bonjour Françoise, il t’es possible de t’inspirer des couleurs et des formes symboliques du communisme pour la mise en forme. Considère que tu fais de la propagande pour afficher dans la rue. Il suffit juste d’actualiser le sujet à l’intérêt de l’école. Bon courage !

  6. Pingback: COULEUR - Thématique | Pearltrees

  7. Pingback: Couleurs | Pearltrees

  8. Pingback: Du bleu dans l'art, l'histoire, la culture Part. 1

  9. Pingback: Cours du 23 avril 2019 – L'art moderne

  10. Pingback: Imaginaire | Pearltrees

  11. Magnifique! Une lecture qui va être instructive pour un petit travail que je fais au sein de notre association artistique, bravo et merci!

  12. Pingback: Les Bleus | Pearltrees

  13. Récemment j’ai lu quelque part et j’ai. Ju les peintures d’un peintre francais cèlèbre qui utilise la couleur bleue dans ses peintures. C’etait Philippe…… ou François….. Je ne me rappelle pas. Mais, ses peintures encadrait plupart du temps l’espace. Si vous vous renseignez de celui-ci, est-ce que vous pourriez parler de lui aussi. Merci beaucoup pour votre article, j’ai appris beaucoup de nouvelles œuvres extraordinaires en bleu…… Merci infiniment ! 🙂

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.