Interview de Sophie Carrier pour contrebalancer une certaine morbidité

Interview de Sophie Carrier pour contrebalancer une certaine morbidité
Interview de Sophie Carrier pour contrebalancer une certaine morbidité

 

Interview réalisée le 28 octobre propos recueillis par S. Ladic

S. L. Bonjour Sophie, nous nous sommes rencontrées sur la toile et je reconnais que les peintures que vous avez mises en avant ont su attirer mon attention. Le web a su faciliter nos rencontres puisque vous vivez au Canada et moi en France. Vous avez accepté de répondre à certaines questions afin de présenter votre travail et j’en suis très heureuse.

© Sophie Carrier

© Sophie Carrier

VOUS :

S. L. Quel est votre parcours artistique ?


S. C. J’ai passé mon bac en art profil création (3ans d’université),mais par la suite j’ai tout arrêté , ce n’est qu’à la fin de la vingtaine que j’ai repris la création, ayant constaté que je me définissais encore comme une artiste devant les autres mais que je ne produisais rien. À partir de là, j’ai décidé de consacrer systématiquement chaque semaine du temps à la création.

S. L. Quelle a été votre première rencontre avec l’art ?

S. C. Du plus loin que je me souvienne j’ai toujours dessiné. Vers 9 ou 10 ans ma mère nous avait abonnés à une série de livres sur les impressionnistes, ces livres me fascinaient, nous en recevions un nouveau chaque mois. À cette époque j’ai reproduit une toile de Renoir, « La loge », avec des crayons de bois pour un travail d’école !

S. L. Quels sont vos influences artistiques ?

S. C. Enfant, les impressionnistes (Pour les jolies robes des dames !)

Jeune adulte, Klimt pour les motifs, les dorures, la séduction…

Plus près de moi maintenant, un artiste québécois contemporain nommé François Lacasse, qui travaille l’aspect fluide de l’acrylique, le tableau à plat, sans pinceaux… la rencontre avec son travail non figuratif, joyeux, intelligent et sensuel, plein de vie…fut déterminante.

Sophie Carrier L’oiseau de Rajveer
© Sophie Carrier L’oiseau de Rajveer, 153x122cm, 2012

S. L. D’où vient votre inspiration ?

S. C. Je n’aime pas tellement l’idée d’inspiration, je crois plutôt au travail et à la discipline, mais disons que la beauté de la nature me donne envie de m’y mettre !

S. L. Avez-vous une technique que vous affectionnez plus particulièrement ? Pourquoi ?

S. C. Depuis quelques années, influencée par le travail de François Lacasse, je peins moi aussi beaucoup le tableau à plat par terre, en versant la peinture sur la toile. Je travaille beaucoup la transparence et par couches successives. J’aime laisser paraître des traces de chaque couche sur le tableau et laisser des espaces de toile nue.

S. L. Comment vous définir personnellement à ce jour ?

S. C. Une personne vivante, émotive et spontanée !

S. L. Vos projets futurs ?

S. C. Essayer de continuer à créer en conciliant travail (j’enseigne les arts 4jours par semaine)-création-vie personnelle-vie de famille…ouf !

Sophie Carrier L’oiseau d’Alice

© Sophie Carrier L’oiseau d’Alice, 153x122cm, 2013

S. L. Quelle est pour vous la définition de l’art ?

S. C. Par le biais de l’art, de la créativité, on se découvre, on se définit…on définit notre monde notre époque. C’est une prise de parole, on s’élève en tant qu’individu, on se sort du lot, on cherche à se démarquer…C’est une tentative d’imposer une vision, même quand celle-ci n’est pas claire…

S. L. Si vous étiez un personnage célèbre, qui seriez-vous et pourquoi ?

S. C. J’admire beaucoup les écrivains, ceux qui ont fait de leur vie une œuvre, Marcel Proust, Simone de Beauvoir.

S. L. Quelle est votre œuvre préférée ? Pourquoi ?

S. C. On dirait que la littérature me fait plus vibrer que l’art visuel, peut-être questions d’accessibilités physiques des œuvres, on n’a malheureusement pas beaucoup d’occasions de vivre avec la peinture, le livre est à la fois plus intime et plus démocratique. J’ai quand même vécu un choc en voyant un tableau de Matisse en vrai, un tableau que j’avais justement vu mille fois dans des livres, et dont l’échelle m’avait échappée. Ce tableau représentait un bol avec des poissons rouges, le tableau était immense ! Les poissons longs comme mon avant-bras peints d’un seul geste ! Matisse m’était toujours apparu tranquille, pépère, là je réalisais comme il était moderne, funky !

Sophie Carrier L’offrande

© Sophie Carrier L’offrande, 41x46cm, 2009

 

VOS PROJETS :

S. L. Existe-t-il des thèmes majeurs dans vos créations ?

S. C. La nature, fleurs, plantes oiseaux.

S. L. En moyenne, combien de temps passez-vous sur une production ?

S. C. N’ayant que peu de temps à consacrer à mon travail, le processus est un peu long (à peu près un mois pour les grands formats). Quand je suis en période de production, je m’impose de travailler tous les jours, ne serait-ce que quelques minutes.

S. L. Les voyages, sortir, vous déplacer, est-ce que cela tient une place dans votre inspiration ?

S. C. J’aime peindre d’après nature, je vais souvent dehors faire des croquis, des aquarelles.

Sophie Carrier, sans titre

© Sophie Carrier, sans titre, 20x30cm, 2009

S. L. Agissez-vous par impulsion ou par des actes réfléchis dans vos créations ?

S. C. Un peu des deux, je me laisse guider par le spontané, l’irrationnel, mais en même temps j’aime réfléchir au sens de ces images qui s’imposent à moi.

S. L. Lors de vos créations, essayez-vous de faire « passer » des messages ?

Si oui lesquels ?
S. C. J’ai clairement le désir de créer des images vivantes, joyeuses et colorées, pour contrebalancer une certaine morbidité que je perçois comme omniprésente dans la culture actuelle.

S. L. Impliquez-vous vos émotions personnelles dans vos œuvres ?

S. C. Tout à fait !

S. L. Une fois aboutie, votre création vous paraît-elle, comme ce que vous avez imaginé ?

S. C. Oui et non, j’ai souvent des surprises, mais je n’ai pas d’attentes trop précises et j’aime laisser de la place au hasard, à l’accident contrôlé.

Sophie Carrier, Besoin de liberté

© Sophie Carrier, Besoin de liberté, 61x61cm, 2009

S. L. Vous venez de faire une exposition, pouvez-vous nous en parler ?

S. C. Cette exposition avait une grande importance symbolique à mes yeux ; je n’avais pas exposé depuis 5 ans, en fait j’avais tout arrêté à la naissance de ma fille. Pouvoir me remettre à produire et à exposer avec la vie de famille et le travail représentait tout un défi et j’en suis fière.

S. L. Vous enseignez, quel lien faites-vous entre votre pratique d’enseignante et celle d’artiste ?

S. C. Les dessins d’enfants sont aussi omniprésents dans mon travail. Étant enseignante au primaire, je dispose d’un grand choix d’imageries enfantines que je reproduis moi-même. Leur présence est devenue encore plus importante dans mes derniers tableaux, où des oiseaux naïfs trônent en rois comme des petits gardiens de mon univers.

 

S. L. Merci Sophie d’avoir partagé votre univers avec nous. Je pense que les lecteurs sauront apprécier la liberté et la fraicheur généreuse qui se dégagent de votre travail.

Les blancs qui vous sont chers prennent une réelle place dans l’espace du tableau apportant une matière supplémentaire dans le non dit ou plutôt le non peint de la toile. La fraîcheur est peut être bien dans ses espaces vierges, comme l’air qu’on respire dans un jardin…

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Où peut-on voir des œuvres de Sophie Carrier ?

http://www.artmajeur.com/fr/art-gallery/sophie-carrier/214942

Sophie Carrier et sa fille

© Sophie Carrier et sa fille

 

Contacter Sophie Carrier :

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Interview réalisée le 28 octobre propos recueillis par S. Ladic pour e-cours-arts-plastiques.com

 

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5 Responses »

  1. Bonjour Sylvia… et Sophie!!!
    Super et oui la fraîcheur, la nature,et le « beau » font du bien et pas qu’aux yeux!!!!!
    Moi qui suis en train de reprendre aussi mon travail laissé il y a un an avec le déménagement: ça tombe à pic et ça motive car je vais dans le sens de Sophie dans son rapport à la création.
    Merci très bonne journée

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