Sticker Art et Street Art – l’art à proximité du public

Sticker Art et Street Art – l’art à proximité du public
Sticker Art et Street Art – l’art à proximité du public

Nous avions vu dans un précédent article comment donner la parole à la rue par un simple papier écrit et posé dans la rue : Stickers for street, la réponse des élèves de 3e au Street Art et des références. Quelques références sur l’impact des mots dans l’espace urbain avaient été données. Ici, nous aborderons la démarche de quelques street artists, c’est-à-dire d’artistes urbains et nous donnerons un aperçu d’une des branches de ce courant de la rue appelée Sticker Art.

Le Street Art

Définition

Pour rappel, le Street art est un art visuel développé dans les espaces publics, dans les rues. Le terme fait référence habituellement à l’art non-autorisé, non-conforme aux initiatives sponsorisées par un gouvernement. Le terme peut inclure des illustrations graffiti traditionnelles, des sculptures, des graffitis au pochoir, le sticker art (autocollants), le street poster art (art de l’affiche), les projections vidéo et le guerilla art. Le terme Street art ou post-graffiti est utilisé pour distinguer l’art public contemporain du tag, considéré comme du vandalisme.

Les artistes de rue font en sorte que leurs œuvres communiquent avec le public sur des thèmes de société, en conservant un certain esthétisme, sans être emprisonnée par ces mêmes valeurs.

John Fekner définit le street art comme étant : « tout art dans la rue qui n’est pas du graffiti ».

Quelques exemples

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Banksy, un des artistes les plus reconnus du Street Art.

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Banksy en référence à la malheureusement célèbre photographie de Nick-Ut, d’une petite fille vietnamienne de 9 ans brulée au napalm : Kim Phuc

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Nick Ut (photo-reporter), Kim Phuc, brûlée au napalm –

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Banksy

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Malherbe Normandy Kop

Seb et Spag, deux Caennais membres du Malherbe Normandy Kop et amateurs de graffiti, sont partis dans des bidonvilles pour partager leur vision de l’art.

On a eu cette idée de raconter la vie de bidonvilles en faisant parler les habitants. L’idée est simple : on demande aux gens de nous donner un mot que l’on peint ensuite sur leur maison. Le travail de photographie et de vidéo de Spag consiste à relater tout cela au monde extérieur. Le but de notre projet est de faire en sorte que notre art soit un pont entre le bidonville est le reste. Les habitants de ces quartiers ont, en général, très peu de contacts avec l’extérieur. Ils vivent de façon renfermée, rejetés par la société. Mais après quelques fresques et un peu de bruit dans la presse locale, les gens viennent voir le bidonville et sont souvent surpris par l’accueil des locaux !*

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JR et Marco9, Mur de séparation, côté palestinien, à Bethléem, Mars 2007

JR est né à Paris le 22 février 1983.

Son pseudonyme représente les initiales de son nom (Jean René) et fait référence à J. R. Ewing, le personnage principal de la série américaine, Dallas.

« Dans la rue, je touche des gens qui ne vont jamais au musée» JR

Entre 2004 et 2006, il réalise Portrait d’une génération, des portraits de jeunes de banlieue qu’il expose, en très grand format.

En 2007, avec Marco9 il réalise Face 2 Face, « la plus grande expo photo illégale jamais créée ». JR affiche d’immenses portraits d’Israéliens et de Palestiniens face à face dans huit villes palestiniennes et israéliennes et de part et d’autre de la barrière de sécurité. Le projet Face2Face consistait à faire des portraits de Palestiniens et d’Israéliens faisant le même métier et de les coller face à face, dans des formats géants, à des endroits inévitables, du côté israélien et du côté palestinien, pour qu’enfin, chacun rie et réfléchisse en voyant le portrait de l’autre et son propre portrait.

Dès son retour à Paris, il colle de nouveau ces portraits dans la capitale. Pour l’artiste; cette action artistique est avant tout un projet humain : « Les héros du projet sont tous ceux qui, des deux côtés du mur, m’ont autorisé à coller sur leur maison »

JR se définit comme un « artiviste urbain ».

Le Sticker Art

Définition

Le Sticker Art est une des formes du Street Art dans laquelle une image ou un message adhésif est affiché dans l’espace public. Ces autocollants peuvent promouvoir l’artiste ou commenter des questions d’ordre social ou politique. L’intervention est assez instantanée et peut se faire sur n’importe quel endroit accessible. Elle ne cause pas de dommages sur les lieux comme la peinture et durent le temps de la résistance du papier et du collant.

Ces collages urbains peuvent avoir un caractère unique et ciblé ; une image ou message original est alors apposé. L’autocollant peut aussi être produit en série. Les procédés de la gravure, de l’imprimerie ou de la sérigraphie peuvent être utilisés alors.

Les autocollants faisaient partie au départ du champ politique et publicitaire dans l’optique d’une diffusion rapide. Ce n’est que vers les années 2000 que cette forme de diffusion a été investie par les artistes.

Les échanges d’autocollants se sont instaurés entre certains artistes afin d’appuyer leur démarche et leur message ; chacun pouvant propager, diffuser le message ou l’image de l’artiste à travers le monde.

La forme s’étend au collage d’affiches artistiques ou à des collages d’éléments pouvant atteindre de grandes dimensions. Les réalisations peuvent être constituées d’images ou de textes ou des deux corrélés. On détache le street poster art (art de l’affiche).

Ces adhésifs, sont très rapides à poser : une simple « claque » sur un support. C’est aussi un moyen créatif et populaire au sein du mouvement du Street Art pour les artistes de se faire connaître.

Quelques exemples

Paella Chimicos est un pseudo comme peuvent en adopter de nombreux street artists. C’est l’anagramme de son nom Michel Palacios. L’artiste d’origine espagnole est né en 1962. Il adopte le pseudonyme Paella Chimicos en 1985. Il est à la fois affichiste commentateur de l’actualité et plasticien. Ses personnages sont reconnaissables à leur figure en spirale. Les textes intégrés à ses compositions évoquent l’enfermement dans un mouvement circulaire de la réflexion pourtant imposée avec humour.

Début 2000 il devient Paella, et initie un travail où l’image et le texte se côtoient. Toutefois, l’interprétation de l’image dépend du texte et inversement, ce qui diffère de la démarche de l’illustration.

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Paella Chimicos

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Paella Chimicos

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Paella Chimicos

« J’aime les autocollants parce qu’ils laissent une marque qui peut affecter l’humeur des gens, provoquer la pensée, et inspirer une réaction. J’aime que mes autocollants fassent partie du mouvement de la rue, absorbée par la population. «  Dave Kinsey

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20 autocollants vinyles de Dave Kinsey vendus par pack

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Coffre de cyclomoteur. Différents artistes, dont JR avec un extrait de la série Face2Face.

Le Stickers Art est placé au niveau des yeux sur les poteaux, le mobilier urbain, les murs, les couloirs de métro, les arrêts de bus… Il est aussi nettoyé régulièrement. Certain placés en des lieux plus préservés ont une durée de vie plus longue.

Le mode de reproduction en série peut aussi poser un doute sur l’appartenance sur son aspect artistique.

Certain revoient le support papier vinylique par un papier plus respectueux de l’environnement.

On pourra aussi opposer une forme de pollution visuelle comme le font déjà les publicités qui s’érigent dans le paysage.

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http://www.flickr.com/photos/23013332@N04/6537653121

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1865, Benny, Camar, Cancer Carl, Dead Eyes, Diar, DMT, Furie, Graffiti, Jaut Cares, Listo, PEZ, San Francisco, Scale,Sewage, SF, Slesh
source : http://endlesscanvas.com/?tag=pez

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Autocollants d’artistes : D-Face, Question Josh, Mecro, Dolla Lama, Overconsumer, Dave Kinsey, T-Ninja, Dhestoe, Magmo, MCA, Obey, Evoker, Bigfoot.

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Endless Sticker Canvas – Portland, Oregon ©

Artistes : Graffiti Against the System(GATS), Narcoze, Mr.Say, SKAM, Feeceez, Ekser, Noke, Biafra inc, MELT,Theory, Anthead, EEP, Erase, Johnny Tragedy, 14Bolt, Kater, Pink Eyes, Nasty Nate, Wenk, Jabz, Ping Pong, Andres Musta, Super Fat Cat, SNOB, Eye Never Sleep, Sticy Ricks, Endless canvas, RAB, Phobia, Nobody, Freaq, Baldman watching, Noxin, Pele, Mine, Synical, Evoker, Juice, Dint Wooer… sur www.streetartstickers.com

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Chem pack

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! Mittenimwald !- Germany, © The Fictional Mind Of NERD

On retrouve l’influence du film de John Carpenter, Invasion Los Angeles évoquant une société sous contrôle (1988).

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Film de John Carpenter, Invasion Los Angeles

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Andre the Giant Has a Posse, ce qui signifie André le géant a une bande de potes, est un mouvement Street art, crée par Frank Shepard Fairey en 1989, renommé OBEY Giant en 1998.

OBEY Giant s’impose par des images dont la forme reprend les codes des affiches de propagande. Il propose une critique du capitalisme et de la société actuelle.

Dans le film de Jphn Carpenter, John Nada, le héros embauché à Los Angeles, entre en possession d’une paire de lunettes hors du commun. Elles permettent de voir la réalité telle qu’elle est : le monde est gouverné par des extra-terrestres.

En parallèle la démarche de Obey Giant montre que le film est une métaphore de la société, déguisant en aliens les dirigeants politiques et économiques. Le personnage qui ne veut pas mettre les lunettes montre à quel point la population ne veut pas voir la réalité.

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Pez et Joshua

Il est aussi d’usage d’utiliser des autocollants « My name is » et d’y laisser sa marque. D’autres s’emparent des autocollants de la société Fedex ou tout autre support autocollant laissé dans les emballages. Le support déjà écrit peut être retourné.

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Street Grapes et JesseRobot en collaboration. Ces imprimés sur des étiquettes « bonjour mon nom est »


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Obscene-Puppet  dont le frère fait ces pingouins à base de recommandé de La Poste, Montpellier

Il y a les collectionneurs aussi de stiskers d’artistes.

Certains considèrent les stickers artistiques comme des produits dérivés. On peut les acheter sur divers sites sur internet comme les tee shirts estampillés de la marque de l’artiste (exemple ici). Ils participent alors de la promotion de l’artiste.

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Un des personnages stickés de chez « m »

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Un scooter et un frigo recouverts de stickers Exposition INVADER 1000, juillet 2011 à Paris

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Source http://epixod.blogspot.fr/2011/07/back-to-present-exposition-invader-1000.html

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Al Sticking A table! – Forward Skatepark, Roselaere, Belgique – Avril 2010

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Al Sticking Saut de poubelle – Rue de la Loge – Montpellier – Décembre 2010.

Et le sens de tout ça ?

Les Street artists nous imposent un autre regard sur notre environnement quotidien. Un mot, un signe pour attirer l’attention du spectateur. Il est alors témoin d’une scène éphémère souvent d’un humour caustique aux accents de propagande. Il est pris à partie pour se questionner sur l’époque et la société. Marquant ainsi l’histoire des arts par sa présence visuelle ce mouvement du Street Art grandit les frontières de l’expression, se délestant des galeries et musées, qui ont fini par rétrécir les ambitions des artistes en quête de liberté et de nouvelles formes d’expression. Et comme pour contredire l’intention première des street artists voici qu’à présent les musées et galeries s’approprient le travail de ses représentants. Le support de la rue pourtant ne raconte pas la même chose que les murs du musée qui est un espace attendu.

Côté détracteurs, il reste à se demander si le fait que la ville puisse être le terrain d’expression de l’art sous toutes ses formes (pour rappel le street art comprend des démarches, supports et matériaux très variés), ne risque-t-on pas de tomber dans un excès visuel, imposant une forme de dictature visuelle alors que les artistes revendiquent la liberté d’expression. Il ne veut plus se voir imposer de cadre mais lui-même impose sa marque au détour des rues et à travers le monde de façon virale. Bref, c’est le serpent qui se mord la queue. L’artiste deviendra-t-il un contaminateur d’espace ?

Peut-on disposer de la rue librement et imposer son style, sa revendication ?

Posons-nous aussi la question du spectateur qui peut-être tend à aimer les espaces dépouillés et clairs et se réserver un temps pour rencontrer l’art dans un lieu qui lui est dédié. L’intention première de se défaire des institutions muséales imposerait alors l’art aux non demandeurs. De manière plus positive, la culture se diffuse dans les strates de la société les moins à même de s’y intéresser. L’engouement d’ailleurs a bien été facilité par l’aspect « hors la loi » des interventions urbaines. Un coup de maître !

L’écueil peut résider pour certains dans le manque d’homogénéité des démarches ; un graffiti côtoie un dessin marouflé original, une sérigraphie, un tag, perçu comme un acte de vandalisme, vue ce qu’ils coûtent à nettoyer, se mêlant aux stickers. A vrai dire, à voir le métro parisien, les interventions artistiques de qualité côtoyant le vandalisme ou la publicité, passent parfois inaperçues. Quant à l’aspect esthétique des stickers il est aussi très discutable.

La reproduction en série pose aussi question. Andy Warhol et ses sérigraphies a posé les bases de la reproduction en série des œuvres mettant à mal les notions d’original et d’unique de l’œuvre d’art. Mais, son propos était différent. Sa démarche oscille entre l’éloge et la critique de la société de consommation. L’aspect reproductible dans le Street Art est davantage issu de la publicité et de la propagande. L’art se diffuse, se propage dans le paysage urbain. L’artiste veut avoir la parole et se libérer des contraintes idéologiques et financières des galeries. Il veut s’approprier l’espace public pour que l’art ne soit plus destiné à une élite, prônant l’accès direct au public.

L’artiste dénonçant accentue son impact mais risque aussi de dénaturer le paysage urbain qui, dans sa grande simplicité, possède une beauté rigoureuse peu contestable. Mais la dénaturation de l’environnement est-elle vraiment le fruit des artistes ? L’artiste n’en n’est-il pas le porte-parole ?

La semaine prochaine la suite :

La semaine prochaine, ce sont les panneaux de signalisation qui seront le support de nos sticker artists et street artists. En attendant pour vous faire patienter :

Vous avez envie de créer votre sticker ?

Alors avant de faire dans l’illégalité optez pour une idée « bon enfant » : customisez les cartes bleues de votre entourage… Un support de diffusion qui ne manque pas d’intérêt.

Rendez-vous sur le site http://www.sticker-cb.fr/autocollants-pour-carte-bancaire/2076-autocollant-pour-cb-tag.html vous pourrez aussi choisir des modèles tout faits.

S. Ladic

Sources

 

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