Le vent, l’air, le souffle dans l’histoire des arts Part.1

Le vent, l’air, le souffle dans l’histoire des arts Part.1
Le vent, l’air, le souffle dans l’histoire des arts Part.1

Voilà une notion bien immatérielle que de vouloir mettre en image dans les arts plastiques un élément tel que l’air, le vent ou le souffle. Une promenade dans l’histoire des arts peut vous montrer comment les artistes se sont approprié cet élément de la nature dans la conception de leurs œuvres. Les démarches présentées passent par la simple évocation ou représentation, par la personnification du vent, le partenariat entre l’artiste et l’élément ou la confrontation directe.

Pour les enseignants, le concept est aisé à aborder en cours par le biais de sujets orientés :

· Espace en 3e

· Relatifs aux matériaux constitutifs des œuvres.

· En 4e vous pourrez aussi utiliser les axes : l’image du réel et la réalité de l’image

· L’image du mouvement et le mouvement de l’image

· L’image de l’espace et l’espace de l’image…

Bref, les références qui vous sont proposées alimenteront vos sujets en résonance avec l’air, le vent, le souffle.

Le vent personnifié

La plupart des peuples de l’antiquité ont personnifié et divinisé les vents. Les orientaux les représentaient généralement sous la forme de génies fantastiques. Les grecs en faisaient des génies ailés. Homère considère que les vents ont pour parents Eôs et Astréos mais il existe quelques variantes.

Les vents étaient soumis à l’empire d’Eole qui les tenait enfermés dans les grottes des îles éoliennes.

Le mot « éolienne » vient du mot « Éole » désignant le Dieu grec du vent. Cela signifie en grec « qui se meut toujours », c’est à dire qui est en permanence en mouvement. Eole est présent dans la mythologie car on raconte qu’il donna à Ulysse une outre (peau de bouc cousue en forme de sac pour conserver et transporter des liquides) qui contenait tous les vents défavorables à son retour sur son île natale d’Ithaque. Pendant son sommeil, ses compagnons de voyage ouvrirent l’outre car ils la croyaient pleine de vin. Ceci a donc libéré les vents et a provoqué une tempête, qui empêcha Ulysse de rentrer chez lui. Eole régnait sur les vents qui portait les noms suivant : Boréas, le vent du nord ; Euros, le vent d’est ; Notos celui du sud et enfin Zéphyris le vent d’ouest.

Borée - Aquilon personnification du vent du Nord

Borée – Aquilon personnification du vent du Nord

Borée – Aquilon : personnification du vent du Nord, l’Aquilon des Romains qui est le dieu des vents septentrionaux, froids et violents.
Euros – Vulturnus : personnification du vent d’Est, le Vulturnus des Romains, dieu du vent oriental néfaste, apportant la chaleur et la pluie. On le représente parfois avec un vase inversé, déversant de l’eau.

 Euros - Vulturnus : personnification du vent d'Est

Euros – Vulturnus : personnification du vent d’Est

Notos - Auster : personnification du vent du Sud

Notos – Auster : personnification du vent du Sud

Notos – Auster : personnification du vent du Sud. Réputé humide et violent, il est associé à la fin de l’été et est le vent de la pluie et des tempêtes. Il est décrit avec des ailes bleus sombres et ruisselantes, un visage presque noir, une barbe et une chevelure dégoulinante. Son équivalent romain est Auster, dieu des vents du midi, vent du sud chaud, épais et humide annonciateur d’orage et parfois considérés comme mauvais car censés corrompre l’air à cause de son humidité. Il est associé à la fin de l’été et est le vent de la pluie et des tempêtes. On le représente sous les traits d’un jeune homme avec une urne renversée et une partie de son manteau relevée, pour signifier la pluie qu’il apporte généralement avec lui.

Zéphir - Favonius : personnification du vent

Zéphir – Favonius : personnification du vent

Zéphir – Favonius : personnification du vent d’Ouest et du Nord-Ouest, violent et pluvieux. Il est associé à l’automne et à ses tempêtes de pluie. C’est le Favonius des Romains, le dieu des vents favorables, où il est également associé au printemps.

Zéphyr

Zéphyr

Zéphyr (Peterhof Russie © Reverrance)

La naissance de Vénus, Sandro Botticelli, 1486

La naissance de Vénus, Sandro Botticelli, 1486

La naissance de Vénus, Sandro Botticelli, 1486, Tempera sur toile, 172.5 x 278.5 cm, Galerie des Offices, Florence

A gauche, sont placés Zéphyr et sa femme, les corps entrelacés accentués par la couleur verte des ailes du Dieu.

Sandro Botticelli, détail de la naissance du printemps

Sandro Botticelli, détail de la naissance du printemps

Sandro Botticelli, détail de la naissance du printemps, nous trouvons encore la présence de Zéphyr, enlevant Flore.
Flore et Zéphyr, de William-Adolphe BOUGUEREAU (1875)

Flore et Zéphyr, de William-Adolphe BOUGUEREAU

Flore et Zéphyr, de William-Adolphe BOUGUEREAU

Flore, divinité du printemps, était endormie à l’ombre d’un arbre quand Zéphyr, un doux vent d’ouest, passa par là et tomba amoureux d’elle. Il décida alors de l’enlever et d’en faire sa femme. Elle s’en trouva heureusement satisfaite et continua à présider à l’épanouissement des fleurs au printemps…

Le vent et l’air alliés des inventions

Comment ne pas évoquer Léonard de Vinci. Il sut allier les forces du vent à ses inventions.

Léonard de Vinci gyroplane

Léonard de Vinci gyroplane

Léonard de Vinci gyroplane

Schéma de léonard de Vinci du vol de l'homme

Schéma de léonard de Vinci du vol de l’homme

Schéma de léonard de Vinci du vol de l’homme

Léonard de Vinci s’intéressa aux oiseaux pour leur faculté à voler. Afin de mieux les étudier, il est dit qu’il en acheta en grand nombre et de différentes espèces. C’est à partir de ses dessins que Léonard de Vinci pu ensuite étudier l’élément physique selon lequel le vol en lui-même était possible. Il arriva très vite à la conclusion que les oiseaux planaient en exploitant les courants aériens de manière à rester toujours en équilibre. En effet, les oiseaux, à l’aide de leurs ailes, battent le vent afin de contrôler leur trajectoire et de se maintenir en hauteur, et planent lorsque qu’un courant permet de leur faire prendre de l’ascendance.

Le vent représenté

Voici quelques exemples de vent dans les toiles…

Jean-Baptiste Camille Corot –Le Coup De Vent, 1866

Jean-Baptiste Camille Corot –Le Coup De Vent, 1866

Jean-Baptiste Camille CorotLe Coup De Vent, 1866

Jean-François Millet  La Tempête

Jean-François Millet La Tempête

Jean-François Millet (1814 – 1875), La Tempête

William Turner Tempête en mer

William Turner Tempête en mer

William Turner Tempête en mer

Turner nous montre le pouvoir suggestif de la couleur, ainsi, son attirance pour la représentation des atmosphères le place comme un précurseur de l’impressionnisme.

Le vent symbolisé

L’objet usuel qui sert à faire de l’air qu’est l’éventail, a pu inspirer les thèmes d’Alphonse Mucha. Nous retrouvons le lien tissé par les artistes de l’Art Nouveau avec la nature, les volutes.

MUCHA Alphonse

MUCHA Alphonse

MUCHA Alphonse (Alfons) Maria, 1860-1939 (République tchèque), Le vent qui passe emporte la jeunesse, 1899, © ADAGP, Paris, 2014

Kokoschka Oskar La fiancée du vent

Kokoschka Oskar La fiancée du vent

Kokoschka Oskar – Die Windsbraut (La fiancée du vent), 1913

Un télégramme de Kokoschka atteste : « Chère Alma, nous sommes éternellement unis dans ma fiancée du vent »

Cette toile symboliserait la relation mouvementée entre Kokoschka et Alma. Fille de l’artiste Emil Jakob Schindler et d’Anna von Bergen, elle est issue du milieu privilégié artistique à Vienne. Leur relation ne dura que peu mais fut suffisamment intense, passionnelle, violente et fulgurante pour marquer Kokoschka. Quand elle le laissa, il demanda même à Hermine Moos de fabriquer une poupée grandeur nature à l’effigie d’Alma, qu’il exhibait partout en réprimande de son abandon et jamais résigné de l’avoir perdue.

Dans cet hymne à l’amour, un homme gît au centre du tableau, entraîné par un tourbillon, scrutant d’un regard incertain le lointain. La femme se blottit pleine de confiance sur la poitrine de l’homme. Ce pourrait être aussi considéré comme un témoignage de ce que la jeunesse de cette époque voit venir les catastrophes menaçantes.
Alma devint après, la femme du célèbre compositeur Gustave Mahler. Puis, une fois veuve elle épouse Walter Gropius, l’architecte fondateur du Bauhaus. (http://www.art-et-voyage.com/blog/index.php?2007/07/19/505-la-fiancee-du-vent)

La vitesse du vent, son mouvement

Nous pensons immédiatement au courant emblématique du mouvement : le Futurisme.


Umberto Boccioni. Forme uniche nella continuità dello spazio. 1913. Bronzo. h. cm 110,5 Milano, Collezione Mattioli

Umberto Boccioni. Forme uniche nella continuità dello spazio. 1913

Umberto Boccioni. Forme uniche nella continuità dello spazio. 1913

Luigi Russolo Dynamisme d'une automobile. 1913

Luigi Russolo Dynamisme d’une automobile. 1913

Luigi Russolo Dynamisme d’une automobile. 1913

Un clin d’œil à l’aérodynamique avec le design de la carrosserie de cette voiture, une Mercury peut-être ?

Détail voiture

Détail voiture

Détail voiture

Puis l’envolée du nu en papiers découpés de Matisse. Quelle légèreté dans l’expression, bras et cheveux dans le vent.

Nu bleu, Henri Matisse, 1952

Nu bleu, Henri Matisse, 1952

Nu bleu, Henri Matisse, 1952

Question d’interprétation :

Un soudain coup de vent, d’Hokusaї

Un soudain coup de vent, d’Hokusaї

Un soudain coup de vent, d’Hokusaї

Jeff Wall de l'œuvre d’Hokusaї

Jeff Wall de l’œuvre d’Hokusaї

Et l’interprétation de Jeff Wall de l’œuvre d’Hokusaї

Et une Joconde « dans le vent » pour alléger l’ambiance :- )

Joconde

Joconde

Reprenons avec le travail de Bernard Moninot

Des œuvres signées par le vent

La mémoire du vent

Bernard Moninot utilise le verre pour attraper les ombres, la lumière et les caresses du vent.

L’artiste français a capté au Jardin botanique de Genève les vibrations des feuilles.

Bernard Moninot, La Mémoire du vent

Bernard Moninot, La Mémoire du vent

Bernard Moninot, La Mémoire du vent , (Eolethèque) 1999-2009, collection du MAC/VAL, Vitry-sur-Seine

Avec patience et minutie, l’artiste a sillonné le Jardin botanique de Genève, il a relevé le nom et l’emplacement des plantes qui l’intéressaient, il a placé au-dessus un dispositif de son invention et il a attendu. Puis, le vent a inscrit son message, son image ou plutôt son signe. La pointe des plantes mues par le vent trace des silhouettes sur la surface de boîtes de verre recouvertes de noir de fumée.
Fragiles et étonnants dessins, qui rappellent le côté précieux de la gravure et que Moninot a enfermés dans les boîtes de «petri» et présentées sur des rampes lumineuses. Une main humaine n’aurait pu faire mieux, mais il a fallu cette main pour préparer le dispositif, qui témoignent non seulement des souvenirs des mouvements du vent, mais de ceux de son enfance ; l’artiste dit se rappeler de son père noircissant une plaque de verre pour observer une éclipse.

Bernard Moninot, La Mémoire du vent 2

Bernard Moninot, La Mémoire du vent 2

La mémoire du vent ( jardin botanique, Genève, été 2003), 40 boites de pétri dans deux châssis de présentation avec rampes lumineuses.
C’est pour éviter cette disparition, tout en suggérant le caractère mouvant et fugitif de la mémoire elle-même, que Bernard Moninot a figé certains graffiti nés des plantes agitées par le vent. C’est pour retrouver la splendeur de l’éclipse, peut-être, qu’il projette ces dessins lumineux contre la paroi, en grand.

Là où les tenants du land art transformaient la nature pour créer des œuvres, Bernard Moninot opère différemment : il capte l’élément naturel pour marquer sa mémoire, sans y « mettre la main », ou presque. Les dix dessins de lumière présentés au sein des collections du MAC/VAL sont des empreintes qui prennent leur forme définitive dans leur projection sur les murs, agrandies. Ces projections affirment une volonté de l’artiste de « capter » les phénomènes naturels qui nous dépassent.

La mémoire du vent

La mémoire du vent

Salle La mémoire du vent, andata . ritorno 2003, lumières projetées par dispositif comprenant des plaques en verre, projecteurs et transfos basse tension.

Ainsi, Bernard Moninot rend la nature auteure de l’œuvre. Le dispositif qu’il met en place est simple, « élémentaire » : il s’agit de relever les mouvements du vent dans les branches ou brins d’herbe, par le biais des pointes qui dessine un trajet.

Site de l’artiste : http://www.bernardmoninot.com/

Voir aussi : http://www.andataritornolab.ch/Bernard_Moninot/Bernard_Moninot.html

Le sole pleureur écrivain

Sole écrivain, Tim Knowles,

Sole écrivain, Tim Knowles,

Sole écrivain, Tim Knowles, 2006, 50 stylos

La marche du vent

Theo Jansen est un artiste-ingénieur néerlandais concevant d’étranges bêtes capables de se déplacer grâce au vent.
Theo Jansen, Animaris percipiere

Theo Jansen, Animaris percipiere

Theo Jansen, Animaris percipiere

Je vous invite à visionner ces fabuleux animaux qui marchent avec le vent :

 

Il crée des sculptures dites cinétiques. (voir plus loin ce qu’est l’art cinétique)

Theo Jansen Animaris modularius

Theo Jansen Animaris modularius


Theo Jansen Animaris modularius

Theo Jansen Strandbeesten

Theo Jansen Strandbeesten

Theo Jansen au milieu de ses Strandbeesten ou  animaux de plage

Theo Jansen veut donc rendre ses créations les plus autonomes possibles pour qu’éventuellement elles puissent “survivre” sans aucune aide extérieure, et en essayant de se rapprocher de véritables mécanismes naturels.

Des tubes de plastique jaune qui servent d’isolant électrique aux Pays-Bas forment les assemblages très légers comme des squelettes prêts à être animés par le spectateur ou le vent.

Pour les fans, un futur article lui sera consacré.

Pour en savoir plus : http://ssaft.com/Blog/dotclear/index.php?post/2009/05/08/L%E2%80%99art-cin%C3%A9tique-de-Theo-Jansen

Des sculptures partenaires du vent

L’art cinétique a été popularisé dans les années 50 par les travaux d’Alexander Calder et ses fameux mobiles, ou bien encore Jean Tinguely que les parisiens connaissent bien pour avoir participé, avec Niki de Saint Phalle, à la construction de la fontaine Stravinsky.

Fontaine Stravinsky

Fontaine Stravinsky

Fontaine Stravinsky réalisée par Jean Tinguely et Niki de st Phalle

Comme son nom l’indique, ce courant artistique se fonde sur l’esthétique du mouvement et regroupe des artistes aux approches très différentes et employant des techniques très diverses.

Calder mobile sur 2 plans

Calder mobile sur 2 plans

Les sculptures appelées “mobile” de Calder fonctionnent grâce au vent et à l’appel d’air du spectateur qui se déplace près d’elles. L’artiste les opposait aux “stabiles”.

 

Un ensemble d’œuvres étonnantes issues de l’architecture, des installations aériennes, le son du vent et d’autres trouvailles à couper le souffle… termineront ce dossier dans le vent. La suite : ici

© S. Ladic 2014

 

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