Le bio-art du vivant dans l’art!

Le bio-art du vivant dans l’art!

Edouardo-Kac_telepresence-garmentLe bio-art – du vivant dans l’art!

Récemment apparut le bio-art prend pour médium les biotechnologies. Les changements sociaux induits par les découvertes scientifiques et technologiques de ces dernières décennies, notamment en matière de biologie et d’informatique, ont fait émerger ces nouvelles pratiques artistiques. Voici un croisement entre l’art et la science, des frontières qui nous échappent parfois et suscitent pas mal de controverses. On y retrouve nos peurs face à l’évolution technologique car la question que ce mouvement met à jour est de savoir jusqu’où irons-nous dans les manipulations du vivant ?

Aux portes de la science fiction, un art bien réel

Ici se mêlent la biologie, la génétique, la biophysique, la microbiologie, l’informatique et de nouvelles technologies de l’ordre de la robotique parfois.

L’artiste, non sans rappeler le célèbre Frankenstein crée des organismes, les utilise, il peut impliquer son propre corps par une culture de sa peau par exemple. Orlan, après avoir fait de son corps un matériau propre à toute manipulation artistique ((chirurgie plastique filmées et mises en scène, implants, trucages de son image par l’informatique…) inscrite dans le courant du body art installe « Manteau d’Arlequin », à partir de ses propres cellules, de cellules provenant d’autres personnes de couleur et des cellules animales. Voilà franchies les barrières des espèces dans cette métaphore du métissage et de l’hybridation.

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ORLAN, “Manteau d’Arlequin”, 2007 (installation multimédia) , Photographie Brian Slater.

Nous sommes loin des premières installations de Nam June Paikavec des téléviseurs, parlant de la société des images. Nous nous trouvons à la fois dans un univers créatif et poétique travaillant sur et avec le vivant mais aussi un univers digne de la science fiction utilisant des technologies de pointe pour créer des homme-machines, des cyborg et croiser les espèces.

On y trouve des modifications génétiques, morphologiques et des constructions analytiques et biomécaniques.

L’homme cybernétique est quelque peu effrayant au regard de l’artiste Sterlacassumant l’excès en se faisant implanter une oreille sous la peau de son bras gauche en 1997 (“Extra Ear: Ear on Arm”). L’univers de la performance à évolué puisque l’artiste intègre l’œuvre en lui-même.

On peut aussi parler de “Telepresence Garment” d’Eduardo Kac, un vêtement sans manches ni jambières, qui contraint celui qui le porte à se déplacer à genoux. Le porteur est rendu aveugle par la cagoule opaque qui est équipée, à gauche, d’une caméra CCD, et à droite, d’un récepteur audio. L’“autre” comme le nomme l’artiste, peut ainsi contrôler à distance les déplacements du porteur de cet habit. Ainsi, le “Zomborg” (entre zombi et cyborg) est devenu l’“hôte de l’autre”. Qu’il utilise les technologies de télé présence ou les biotechnologies, les œuvres d’Eduardo Kac, relèvent généralement des questions ou critiques sociales ou sociétales. Comme il l’explique : « La distance physique est à la fois effacée et réaffirmée par les nouvelles technologies. Cette condition pose la question pertinente de savoir comment les technologies de communication – incluant la télé présence, l’Internet et l’association des deux – affectent nos façons d’acquérir ou de créer du savoir ».

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Eduardo Kac, “Telepresence Garment”, 1995-1996 (performance), Photographie Brian Slater.

Parlons aussi du collectif Art Orienté Objet, Marion Laval-Jeantet et Benoit Mangin. Les deux artistes commencent par prélever des fragments de leur peau qu’ils mettent en culture dans un laboratoire appelée Cultures de peaux d’artistes. Les morceaux d’épiderme ainsi obtenus ont ensuite été déposés sur des dermes de porc pour enfin êtres tatoués de représentations d’espèces animales en danger. Aucun collectionneur n’ayant souhaité se les faire transplanter, ces précieuses hybridations sont exposées dans des bocaux en verre, sur des étagères, comme dans un cabinet de curiosité. « Nous envisageons aujourd’hui une action symbolique, nous dit Marion Laval-Jeantet avant d’expliquer : “que le cheval vive en moi”, au cours de laquelle je m’injecterai du sang de cheval rendu compatible. Cette action, très difficile à mettre en place du fait des nombreux tabous institutionnels et juridiques qu’elle questionne, révèle à nouveau à nos yeux la nécessité d’élargir la notion de respect du vivant et de la biodiversité souvent mise à mal par les biotechnologies ».

Un mouvement qui dérange

Sommes-nous dans le réel ou le virtuel ? Le clone de demain sera-t-il œuvre d’artiste ? Transforme-t-on la vie en matériel ?Tant de problématiques qui font marée dans le système des sciences, les brevets génétiques, le danger de l’eugénisme, la commercialisation, le contrôle des techniques de reproduction humaine.

Ici le vivant remplace la toile, le papier, le bloc d’argile ou de pierre ; le laboratoire remplace l’atelier…l’art n’est plus quelque chose de fixé, d’arrêté à l’objet, il est mouvement, création en perpétuel évolution, il a sa vie propre. Mais au nom de son exploration du monde du vivant, le bio-artiste peut il prendre toutes les libertés ? Les scientifiques eux sont soumis à des règlementations, une éthique notamment au regard de la souffrance animale ; il ne faudrait pas franchir certaines limites proclament les scientifiques qui voient leur laboratoire envahi. Cependant le cadre, les limites sont souvent le terrain d’investigation artistique…

Je vous invite aussi à voir l’article sur la bio-couture de Suzanne Lee dont voici un blouson confectionné à partir de culture d’un champignon; un vêtement pour le moins écologique… Cliquez ici!

Suzanne-Lee_Veste-Bio-Denim

Suzanne Lee et son bio-design – veste Bio-Denim 

Quelques artistes du courant :

  • Eduardo Kac
  • Art orienté objet : Marion Laval-Jeantet, Benoît Mangin
  • Symbiotica : Oron Catts, Ionat Zurr, Guy Ben Ary
  • George Gessert
  • Joe Davis
  • Marta de Menezes
  • Orlan

Pour terminer comment ne pas faire un clin d’œil au célèbre Docteur Frankenstein découvrant le vivant et créateur fictif d’un être doué de vie, d’émotions. Nos préoccupations, restent les mêmes…Et pour le plaisir ou la culture cinématographique, vous pouvez voir ou revoir le premier film de J. Searle Dawley datant de 1910! C’est dans “la visionneuse” en cliquant ici.

S. Ladic pour http://e-cours-arts-plastiques.com

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