Friedensreich Hundertwasser, artiste écologiste engagé

Friedensreich Hundertwasser, artiste écologiste engagé
Friedensreich Hundertwasser, artiste écologiste engagé

Ne cherchons pas à enfermer Hundertwasser dans une technique artistique ou un courant quelconque. Même si son style est bien reconnaissable et ne s’assimile à personne d’autre, il demeure un artiste aux multiples casquettes qui érige l’art comme un lien entre l’homme et la nature.

Voici un panorama du parcours de cet artiste qui voulait apporter de la joie et du bien-être aux hommes, sans perdre son lien à la nature. La fin de l’article vous proposera aussi des piste de comparaison avec d’autres artistes et leurs oeuvres.

Biographie

Friedensreich Hundertwasser (1928 – 2000), de son véritable nom Friedrich STOWASSER,  est un artiste autrichien né à Vienne. Ayant perdu très jeune son père (1928), il est élevé par sa mère. Ses premiers dessins datent de 1934, il a 6 ans. Ceux-ci s’annoncent déjà très prometteurs.
Sa mère l’oriente vers des études classiques que la seconde guerre mondiale interrompt.

En 1943, 69 membres juifs de sa famille maternelle, parmi lesquels sa tante et sa grand-mère, sont déportés et tués.

En 1948, il entre à l’académie des Beaux-Arts de Vienne pour y apprendre les techniques de base du dessin. Il y reviendra en tant que professeur en 1981.

Ses innombrables voyages à travers le monde lui permettent de découvrir les tendances très diverses de l’art moderne et contemporain, pourtant on ne peut pas vraiment le rattacher à aucun groupe ou un courant. Même s’il débute comme peintre, on décèle dès le départ, dans ses tableaux son attrait pour l’architecture.

Le peintre

En tant que peintre, en plus des techniques classiques de l’aquarelle, il travaille souvent les techniques mixtes mais aussi la gravure, la lithographie, la sérigraphie, la linographie, l’eau-forte…
Son œuvre picturale est caractérisée par un bouillonnement de formes organiques, les couleurs sont brillantes, parfois même fluorescentes.

Friedensreich Hundertwasser, Panneau électrique

Friedensreich Hundertwasser, Panneau électrique, Techniques mixtes, Island of Porquerolles, 1980

Hundertwasser, MAISONS JAUNES – JALOUSIE
Friedensreich Hundertwasser, MAISONS JAUNES – JALOUSIE, Techniques mixtes, Venise, 1966

Dans sa peinture, Hundertwasser utilise des pigments, du sable, du charbon de bois, de la brique pilée, de l’or, de l’aluminium. Pour lui, le peintre est un chercheur qui expérimente des techniques différentes sur des supports variés. S’inspirant des maîtres anciens. Par exemple, il fera de la peinture à l’œuf, dite a tempera (technique longtemps utilisée par les peintres primitifs). Il utilise dans ses toiles des couleurs chatoyantes, gardant les couleurs fluorescentes pour son œuvre gravée (lithographies, gravures sur bois…). Il isole des formes, des motifs (larmes, gouttes de pluie, fenêtres) qu’il magnifie en utilisant des feuilles d’or ou d’argent.

Hundertwasser, assemblage

Friedensreich Hundertwasser, Pallestrina wood, objet, Hahnsäge, 1988

Hundertwasser-Maison dans la neige sous la pluie d’argent avec chemin rouge
Friedensreich Hundertwasser, Maison dans la neige sous la pluie d’argent avec chemin rouge, Techniques mixtes, Paino del Voglio, 1962

Hundertwasser_Verdure pour ceux qui pleurent la campagne

GRAS FÜR DIE, DIE AUF DEM LANDE WEINEN (Verdure pour ceux qui pleurent la campagne), 1974

Hundertwasser, Train de nuit, Sérigraphie

Friedensreich Hundertwasser, Train de nuit, Sérigraphie, Venise, 1978

Hundertwasser, ceci est un rampeur
Il rolante – ceci est un rampeur, Photolithographie / Sérigraphie, Venise, 1983

 

Les arts appliqués à la vie et arts graphiques

Ses domaines de recherches sont nombreux : affiches d’exposition, affiches des jeux- olympiques, projets pour des timbres, pour des drapeaux…

Hundertwasser Affiche

Hundertwasser Affiche Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris

Timbre de Hundertwasser

Timbre de Hundertwasser

Hundertwasser_ jour de pluie

Jour de pluie, 1972, Affiche imprimée en offset pour la Galerie Pierre Loeb, Paris.

Hundertwasser, Hommage à Van Gogh

Hundertwasser, Hommage à Van Gogh

Hundertwasser, Arche noah

Hundertwasser, Arche noah

Hundertwasser, Aurore tapisserie

Aurore, tapisserie, tisseuse : Hilde Absalon, Vienne, 1968

Les navires jaunes – la mer de Tunis de Taormina

Les navires jaunes – la mer de Tunis de Taormina, Tapis noué main, Atelier Zia Uddin à Mazar Shariff, Afghanistan, 1999

L’architecte

En tant qu’architecte, son travail est en quelque sorte une application directe de ses toiles dans la réalité, on retrouve dans ses constructions les plus importants de ses principes: dominance de la nature, l’importance de la couleur, le refus de la conformité, de l’uniformité. Il dénonce la « sinistre » architecture classique et se déclare ennemi de la ligne droite qu’il refuse d’employer.

Il a dit : « Les maisons sont notre 3ème peau…Les maisons aussi pleurent et saignent…La maison est miroir de l’homme…Chaque maison même laide et malade peut être guérie… C’est vers 40 ans qu’Hundertwasser commence à construire et guérir des bâtiments, pour que les gens y vivent plus heureux. Pour lui, les maisons sont malades, blessées et il veut les guérir. Pour cela il conjugue, art, écologie, architecture.

Hundertwasser_Village thermal de Blumau

Village thermal de Blumau

Hundertwasser_la citadele verte

Immeuble dit « la Citadelle verte » de l’architecte Friedensreich Hundertwasser à Magdebourg, dans le land de Saxe-Anhalt, Allemagne.

« La ligne droite est un danger créé par l’homme car elle est étrangère à la nature de l’homme, de la vie, de toute création … » affirme-t-il.

Hundertwasser_La tour de Kuchlbauer

La tour de Kuchlbauer se situe à Abensberg en Allemagne e abrite une brasserie.

Hundertwasser_La tour de Kuchlbauer 2

Hundertwasser est décédé en 2000 au cours de la phase de planification de la structure et la tour a été achevée après sa mort sous la direction de Leonhard Salleck, propriétaire de la brasserie, avec l’architecte Peter Pelikan construction qui supervise.

Hunderwasser_l'incinérateur, vienne

Hunderwasser_l’incinérateur, vienne 1888 1997

 

Ce qui caractérise l’architecture d’Hundertwasser c’est l’écologie bien sûr, mais aussi la couleur, la diversité des formes et une certaine idée de l’homme comme fondamentalement expressif.

Il pousse ses conceptions de la vie et du bonheur recherchant une harmonie entre la nature et l’homme. A ce titre, son travail d’architecte est particulièrement intéressant car il ôte le tabou d’une certaine forme d’interdit qui consiste à ne pas avoir le droit de s’approprier son habitat. Il évoque ici l’interdit de décorer l’extérieur des portes et fenêtres des maisons ou appartements. L’œuvre « Ton droit à la fenêtre » est un thème clef. Il propose que les habitant puissent intervenir sur les façades et environnements de vie jusqu’à la longueur d’un bras.

hundertwasser droit des fenêtres

Démonstration du droit des fenêtres à Andergasse), Vienne, 1974

hundertwasser

hundertwasser _ Résidence Waldspirale

Résidence Waldspirale (2000) à Darmstadt, Allemagne

hundertwasser _ Résidence Waldspirale2

hundertwasser _ Résidence Waldspirale3

C’est en Allemagne et en Autriche que son œuvre a pris racine. Sa fameuse tour qui devait abriter un observatoire, un cinéma, des artisans et des salles d’exposition a été construite, 10 ans après sa mort. Il a imaginé le lycée Martin-Luther avec un toit paysager, où l’on pourrait se promener comme dans une forêt boisée. Mais il reste surtout célèbre pour les bâtiments dont il a re-colorié les façades : la transformation de la Maison Ronald Mac Donald, centre destiné aux parents des enfants malades, et de celle de l’Eglise Santa Barbara restent des modèles du genre inimitable, estampillés Hundertwasser.

hundertwasser _ Résidence Waldspirale4

hundertwasser _ Résidence Waldspirale5
La Forêt en spirale, Darmstadt, 1998-2000, © Photo: Peter Mosdzen

« L’homme à trois peaux. Il naît avec la première, la deuxième est son vêtement et la troisième est la façade de sa maison. »

Probablement un de ces chefs d’oeuvre, la Hundetwasserhaus, est un logement HLM réalisé par Hundertwasser à Vienne en 1986. Des centaines d’arbres et de plantes traversent les fenêtres et coiffent l’inhabituelle habitation. Les fenêtres hétéroclites, les sols ondulés, les colonnes bigarrées en font un lieu de vie exceptionnel. Ce bâtiment, le plus visité de Vienne est un véritable bijou architectural. Véritable pied de nez à la rationalité économique, il convient de dire que ce logement social a certes couté deux fois plus qu’un immeuble classique, mais que le bénéfice en terme de mieux vivre, de retombées touristiques, de valorisation de la ville de Vienne est à mon humble avis bien supérieur à ce cout initial. Nous nuancerons aussi en tenant compte du coût des imprévus dus à l’enracinement des arbres qui fait bouger la structure et nécessite des adaptations. Un ouvrier aurait montré trop de créativité… Notons aussi que le nettoyage des vitres ne peut se faire que de nuit en bloquant la circulation de la route. Bref, quelques impératifs à la survie du bâtiment.

hundertwasser 2

La Hundertwasserhaus, immeuble viennois concu par Hundertwasser, 34-38 de la Kegelgasse, dans le 3e arrondissement de Vienne. Il a été construit entre 1983 et 1985 par la commune de Vienne.

Hundertwasser s’est inspiré des œuvres d’Antoni Gaudi, du Facteur Cheval (« Palais idéal »), Simon Rodia (Watts Towers), mais également des jardins ouvriers et des livres de contes. Cette maison héberge 52 logements et 4 cafés-restaurants, ainsi que 16 terrasses privées et 3 terrasses communes sur son toit.

hundertwasserhaus

La Hundertwasserhaus (ci-dessus) : 50 appartements HLM réalisés entre 1983 et 1985. Hundertwasser a imaginé de confronter les masses de couleurs, les décrochements d’étages, les éléments végétaux, les surfaces en béton et en céramique, les fenêtres de toutes les formes et dont aucune n’est au même niveau.

La Maison Hundertwasser est avant tout un espace convivial au service de ses habitants et de la cause environnementale, les uns étant intimement liés à la seconde dans l’esprit du concepteur de ce lieu expérimental. Tout y est conçu pour le confort des habitants et leur qualité de vie, à l’image des parties communes, trop souvent négligées dans les habitats locatifs traditionnels. Ici, elles sont au contraire particulièrement soignées et attractives comme le montrent non seulement les couloirs décorés de mosaïques végétales ou animalières, mais aussi l’accueillant jardin d’hiver, la « salle d’aventure » au sol bombé, et la salle de jeu des enfants. Les locataires de la Maison Hundertwasser vivent au cœur d’une œuvre d’art. Majoritairement artistes ou intellectuels eux-mêmes, ils en ont pleinement conscience, ne serait-ce qu’au spectacle de ces lions sculptés et de ces piliers en forme de quilles bombées multicolores qui rappellent que nous sommes là au croisement de la Löwenstrasse (rue des lions) et de la Kegelgasse (rue des quilles).

Avec la Maison Hundertwasser, pas question de musée, mais d’un véritable lieu de vie composé de logements locatifs sociaux, à l’image de la Cité radieuse, construite par Le Corbusier à Marseille à l’aube des années cinquante.

hundertwasser Plan pour l’arbre locataire

Plan pour l’arbre locataire

Il crée des immeubles avec des arbres aux fenêtres, des toits recouverts de verdure et de végétaux, des sols à niveaux inégaux et encourage les ouvriers à être créatifs en apportant leur touche.

Marqué par un immense amour de la nature il est l’un des grands pionniers d’une architecture humaniste, écologique.

Le designer

Hundertwasser a été un des premiers défenseurs des toilettes sèches ! Il a promu les toilettes sèches, comme mode écologique de traitement des déchets domestiques pour alimenter les arbres intégrés à l’architecture.

Plus qu’une simple révolution technique, c’est un exemple concret de son esprit de cycle, que l’on retrouve dans ses peintures (voir Le grand chemin plus bas) et de l’écologie dans les deux sens du terme, c’est à dire acte politique et conscience des fondements des écosystèmes.

toilettes sèches par Hundertwasser

Principe des toilettes sèches par Hundertwasser

toilettes publiques Hundertwasser

Toilette publique Kawakawa, Nouvelle-Zélande

toilettes publiques Hundertwasser2

Toilette publique Kawakawa, Nouvelle-Zélande

toilettes publiques Hundertwasser3

Toilette publique Kawakawa, Nouvelle-Zélande

Le transautomatisme

En 1954, il développe une théorie plastique dérivée du surréalisme qu’il nomme « transautomatisme ». Elle se base sur la lutte contre l’automatisme généré par la ligne droite et l’angle droit. La spirale se révèle être la forma parfaite.

Un artiste engagé

Artiste engagé, il est remarqué par ses performances, ses manifestes écologiques, artistiques et architecturaux.

Hundertwasser Plantation d’arbres

Plantation d’arbres devant la fabrique Rosenthal à Selb, 1982

Hundertwasser Plantation d’arbres2

Opération de plantation d’arbres, Judiciary Square, Washington, 1980

Hundertwasser la lutte à Hainburg

Voici une photographie montrant le grand peintre Hundertwasser présent lors de la lutte à Hainburg. Sur l’affiche on lit: « la nature libre est notre liberté ». Or, le gouvernement autrichien entendait y construire une centrale électrique (en Autriche le nucléaire est interdit constitutionnellement). Cela signifiait la destruction de l’endroit. La décision fut prise en décembre 1983.

L’affiche en couleur :

Hundertwasser la nature libre est notre liberté

Ses manifestes

· Manifeste de la moisissure contre le rationalisme dans l’architecture (1958/1959/1964) : voir le manifeste traduit de l’allemand au français ici.

· La Dictature des fenêtres et le droit de fenêtre : voir ici.

· La nature est irréprochable C’est l’homme qui a des défauts : voir ici.

Sa passion pour l’eau :

Il aimait à souligner les traductions slaves, allemandes ou japonaises de son nom et prénom, le traduisant comme « Le royaume de la paix (aux) cent eaux ».

Bien qu’il soit né et ait grandi en Autriche, la patrie de choix de Hundertwasser était la Nouvelle-Zélande, et sa principale maison le navireRegentag (jour de pluie), un ancien navire de commerce réorganisé.

La spirale

Dans les images de Hundertwasser la forme d’une spirale est très souvent présente.

En 1953, il peint sa première spirale : Le Grand Chemin. Pour lui, la ligne droite n’existe pas dans la nature, elle est le fruit de l’éducation. « La spirale signifie à la fois la mort et la vie. En partant du centre de la toile, on va de la naissance à la mort qui se trouve aux extrémités du tableau et inversement. » Dans « le Grand Chemin », la spirale représente un ruban, un chemin qui serpente et se replie sur lui-même, nous obligeant à le suivre des yeux de manière hypnotique.

Le grand chemin Friedensreich Hundertwasser

Le grand chemin (1955) de Friedensreich Hundertwasser

Cette grande spirale entraîne le spectateur dans un tourbillon. Semblable aux flots de l’eau, la spirale ne peut s’arrêter, « un début doit mener plus loin ». La spirale évoquerait les ondes provoquées par la chute d’une pierre dans l’eau ; ses couleurs emportées par le courant traduisent l’huile flottant à la surface. C’est une promenade à la fois champêtre et initiatique à laquelle nous convie Hundertwasser, un labyrinthe sur lequel notre regard glisse plutôt que d’être entraîné vers la profondeur. Des petites choses nous amarrent à la surface contre un courant qui pourrait nous emporter.

Spiralental, Vallée de spiralesSpiralental, Vallée de spirales, oeuvre en céramique, 1983

Friedensreich Hundertwasser disait :

« La spirale est exactement là où la matière inanimée se transforme en vie.

Je suis convaincu que l’acte de création s’est fait sous forme de spirale.

Notre terre décrit le déroulement de la spirale. Nous tournons dans un cercle, mais nous ne revenons jamais au même point, le cercle ne se ferme pas, nous venons seulement à proximité de l’endroit où nous avons été. Ceci est typique pour la spirale qui apparemment est un cercle qui ne se ferme pas.

La vraie et équitable spirale n’est pas géométrique, mais végétative, elle a des renflements, parfois plus mince et parfois plus épaisse et coule autour des barrières qui se dressent sur son chemin.

La spirale signifie la vie et la mort dans toutes les dimensions. À l’extérieur elle se dirige vers la naissance, vers la vie et puis par une dissolution apparente dans le surdimensionné, dans l’extraterrestre, dans des zones non mesurables.

Vers l’intérieur, elle se condense par concentration vers la vie et devient par après dans des petites régions infinis, ce que nous appelons la mort, car ceci dépasse notre perception qui tente à mesurer.

La spirale pousse et meurt végétative, c’est-à-dire que les lignes spiroïdales se déroulent tels que les méandres des fleuves et suivent loi de la croissance des plantes. Elle n’oblige en aucune façon le déroulement, mais elle se laisse diriger. En conséquence, il lui est impossible de faire des erreurs. »

Ses influences

Grand voyageur, différentes cultures ont jalonné sa vie et son œuvre. Nous pourrions noter l’influence des peintures de villes et de paysages d’Egon Schiele et les œuvres de Gustav Klimt. La tradition viennoise de l’Art Nouveau est très présente sur ses affiches, les textiles et dans la typographie. Puis encore l’abstraction, le surréalisme (transautomatisme), …

En 1991 s’ouvre le musée Hundertwasser à Vienne.

Friedensreich Hundertwasser meurt d’une crise cardiaque le 19 février 2000, à bord du Queen-Elisabeth-II qui le ramenait de Nouvelle Zélande où il résidait une partie de l’année.

De nombreuses créations de Friedensreich Hundertwasser sont visibles en Autriche, mais aussi en Allemagne, en Suisse, au Japon, et jusqu’en Nouvelle-Zélande où le peintre-architecte s’était installé et où il a été enterré. Parmi les plus spectaculaires figurent :

 

Conclusion

Artiste, peintre, penseur et un architecte Hundertwasser se présente comme un médecin de l’architecture.

Quelques mots pour résumer :

  • · Refus de la symétrie
  • · Intégration spatiale des arbres, toits-terrasses
  • · Alignement irrégulier des fenêtres
  • · Clochers-bulbes et colonnes bombées de cylindres polychromes
  • · Primauté aux couleurs naturelles (ocres, brique, chaux, etc.)

Il nous propose une réappropriation de l’espace urbain par ses habitants. Ses architectures avancent un environnement joyeux, aux lignes naturelles en rupture avec la ligne droite et aux couleurs prononcées.

Inspirée des formes de la nature, profondément vitaliste, amoureux de l’artisanat et de la démocratisation du beau, elle fut sacrifiée sur l’autel du rationalisme, de l’industrialisation et du projet de la modernité. Né après cette mise à mort, Friedensreich Hundertwasser a repris le flambeau de la lutte contre les lignes droites, de l’efficacité froide. Écologiste avant-gardiste, il fustige très tôt l’art de se complaire dans les eaux glacées du calcul égoïste où les artistes satisfont bien plus l’esthétisme géométrique et étriqué des élites que les aspirations chaleureuses des hommes à l’écoute d’eux-mêmes.

« Si quelqu’un rêve seul, ce n’est qu’un rêve. Si plusieurs personnes rêvent ensemble, c’est le début d’une réalité ! »

Hundertwasser choisit de représenter le monde tel qu’il devrait être, un monde dans lequel les humains vivent en harmonie avec la nature.

« Tout est infiniment simple, tout est infiniment beau ».

Quelques artistes pour comparer

Sur la spirale

Portrait du Christ, gravure de Claude Mellan

Portrait du Christ, gravure de Claude Mellan, 1649

A première vue, aucun lien entre Hundertwasser et cette gravure représentant le visage du Christ réalisée en 1649 par le français Claude Mellan. Mais, à y regarder de plus près, on y trouve la réponse au bout du nez !
L’oeuvre de Claude Mellan est constituée d’une seule et même ligne ! Gravée en spirale, à partir du divin nez, cette ligne unique se développe avec régularité sans jamais s’interrompre. Les détails et les volumes sont suggérés par l’artiste en faisant seulement varier l’épaisseur du trait.

spirale Christ Claude Mellan

Détail de la gravure

Ce procédé particulier fut inventé par Claude Mellan lui-même : la gravure « à une seule taille ». Cette estampe est un chef d’œuvre du genre.
Fier de sa prouesse, l’artiste ajoute en bas de l’image la mention “Non alter”, “Pas un autre” afin d’affirmer sa paternité de cet exploit.

Andy Godsworthy :

Aucune colle artificielle ni trucage, un orfèvre de la nature :

Andy Godsworthy

Andy Godsworthy2

Andy Goldsworthy

 spirale Jetty de Robert Smithson

La spirale Jetty de Robert Smithson

· L’artiste mexicaine Betsabée Romero sculpte des pneus, pour en faire des oeuvres d’art. Une façon de mettre le recyclage dans le cycle de l’art.

Betsabée Romero  pneus

· Gustave Klimt

L’arbre de vie de Gustave Klimt

L’arbre de vie de Gustave Klimt, frise murale en mosaïque, 1905-1909

Sur l’acte engagé : le lien entre l’homme et son environnement

· Joseph Beuys aussi mêlait l’art et l’écologie, l’engagement, la politique et l’humanisme. Il vivait l’art comme un flux de vie se présentant aussi à travers de performances et des actes engagés. (voir Performance expliquée de Joseph Beuys : I like America and America likes Me)

 Joseph Beuys

I like America and America likes Me est une performance que Joseph Beuys a réalisée à la galerie René Block à New York en 1974. Dans la galerie René Block, seul un bâton dépasse du rouleau de feutre dans lequel Beuys s’est enroulé.

· 7000 chênes de Joseph Beuys, 1982 :

7000 chênes de Joseph Beuys 7000 chênes de Joseph Beuys2

1982, Beuys débute la plantation de 7000 chênes, lors de la Documenta 7, à Kassel. L’action se poursuivra à travers le globe, et ce, même après sa mort en 1986.

Chaque chêne est associé à une colonne de basalte. Les 7000 colonnes de basalte sont disposées en tas au début de l’action dans un parc de Kassel.

La participation financière consistait à payer cinq cents Deutsch Mark pour planter un arbre au pied duquel était disposée la colonne de basalte. L’acheteur obtenait alors un reçu. L’évolution du tas de basalte diminuant montrait celle du projet en cours.

L’interaction entre le minéral à dimension fixe du basalte, et l’arbre qui se développe évoque la progression, l’évolution : au début l’arbre est plus petit, ensuite celui-ci devient plus grand que la pierre.
L’intention de Beuys dans cette action est de  » donner l’alarme contre toutes les forces qui détruisent la nature et la vie «.

 » Mon intention, c’est que la plantation des chênes n’est pas seulement une action de la nécessité de la biosphère, c’est-à-dire dans un contexte purement matériel et écologique, mais que ces plantations nous conduisent à un concept écologique beaucoup plus vaste – et cela sera de plus en plus vrai au cours des années, parce que nous ne voulons jamais arrêter l’action de plantation.

La plantation de 7000 chênes est seulement un début symbolique et pour ce début symbolique, j’ai aussi besoin de cette pierre témoin, d’où cette colonne de basalte. Cette action doit donc montrer la transformation de toute la vie, de toute la société, de tout l’espace écologique « .

Sur l’architecture

  • · Les Watts Towers est un ensemble de huit tours édifiées de 1921 à 1954 par Simon Rodia, un immigrant napolitain, à Los Angeles. Elles sont situées dans le quartier de Watts et la plus haute mesure 31 m. Les tours sont composées de câbles d’acier renforcés d’un ciment dans lequel sont incrustés divers objets provenant des décharges publiques (des morceaux de verre et de vaisselle, des coquillages…). Cette œuvre a échappé de peu à la destruction en 1958. En 2010, elle est classée National Historic Landmark.

Watts Towers Simon Rodia

Les Watts Towers, Simon Rodia, 1765 East 107th St., Los Angeles.

Watts Towers Simon Rodia2

Watts Towers, Simon Rodia

Watts Towers Simon Rodia

Watts Towers, Simon Rodia

Watts Towers Simon Rodia Watts Towers Simon Rodia3 Watts Towers Simon Rodia4

Watts Towers, Simon Rodia (détail)

Watts Towers Simon Rodia5

 

  • · Façade principale de la Casa Batlló (1905-1907), d’Antoni Gaudí

Casa Batlló Antoni Gaudí

 

  • · La sagrada familia d’Antoni Gaudi

La construction de la Sagrada Familia de Barcelone ayant commencé en 1882 s’était interrompue en 1926, année de la mort de son créateur, l’architecte catalan Antoni Gaudí. Le chantier de cette basilique continue progressivement grâce aux dons et ventes de billets des visiteurs. Près de 2,5 millions de visiteurs viennent admirer cette merveille architecturale chaque année.

Cet emblème de l’Art nouveau catalan a été déclaré patrimoine de l’humanité par l’UNESCO en 2005 et consacrée en 2010 par le pape Benoît XVI.

La fin de sa construction est prévue pour 2026, année symbolique de 144 ans de travaux, qui sera également marquée par le centenaire de la mort d’Antoni Gaudí.

Vous souhaitez voir à quoi ressemblera la Sagrada Familia au terme de 144 ans de travaux colossaux ? L’architecte en chef de l’édifice, Jordi Fauli, a mis en ligne une vidéo, montrant le bâtiment tel qu’il devrait être à l’issue des travaux. Découvrez l’orgue géant qui ornera la façade, les 18 nouvelles tours (en référence aux 4 évangélistes, 12 apôtres, au Christ et à la Vierge Marie), dont une de 172 mètres qui fera de cette cathédrale la plus haute d’Europe.

Découvrez la vidéo de la future Sagrada Famlia :

 

  • · Et puis la cité radieuse de Le Corbusier, à Marseille, un bâtiment où les habitants peuvent y vivre en autarcie pratiquement. Tout y est : logements, école, garderie, magasins, piscine…

la cité radieuse de Le Corbusier

Unité d’habitation Le Corbusier, dite Cité Radieuse à Marseille

modulor la cité radieuse Le Corbusier

Le modulor Cité radieuse à Marseille est un chef-d’œuvre d’architecture créé par Le Corbusier en 1943. Cette silhouette servait à structurer les unités d’habitation, comme par exemple celle de la Cité radieuse. Par ce système,  Corbusier pensait améliorer le système métrique actuel. Le nom de cette création vient de l’association du mot « module » et des mots « nombre d’or ». Les proportions du modulor sont en effet étroitement liées au nombre de l’or et  à la taille standard humaine.

Sources

Auteur : © Sylvia Ladic

 

Livres sur Hundertwasser

       

     

 

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    Petite participation à votre article : plasticienne mon travail est avant tout un regard sur le monde actuel. En ce moment je réalise une nouvelle série sur le thème des abeilles. Cette série de dessins aux crayons de couleur évoquant, par une suite d’abeilles mortes, la pollution par les substances chimiques et les pesticides utilisés dans l’agriculture. A découvrir :
    https://1011-art.blogspot.com/p/vous-etes-ici.html

    Mais aussi, en lien direct, une réflexion sur l’utilisation des produits phytosanitaires : https://1011-art.blogspot.com/p/hommage-magritte.html

    Ces séries seront présentées dans le cadre des Rencontres Philosophiques d’Uriage en octobre 2019 répondant à la question « L’art peut-il changer le monde ? »
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