Classicisme, surréalisme et broderie, une interview de Marie-Noëlle Pécarrère

Classicisme, surréalisme et broderie, une interview de Marie-Noëlle Pécarrère
Classicisme, surréalisme et broderie, une interview de Marie-Noëlle Pécarrère

 

Organique, voire viscéral, surréaliste, et incisif, l’univers de Marie-Noëlle Pécarrère n’a rien de complaisant à mon avis. Et pourtant vous découvrez dans son travail d’artiste des techniques très abouties et séduisantes telle que la broderie, une imagerie de « madeleine de Proust » qui renvoient aux souvenirs, un souci du détail jusqu’à l’anatomie ; vous risquez bien d’être appâté…

Je vous présente l’interview de Marie-Noëlle, avec qui je jouais à la poupée quand j’étais enfant et qui m’initiait déjà aux rudiments de la couture puisque nous fabriquions les vêtements de nos poupées !

TOI, ton parcours :

Marie-Noëlle, quel est ton parcours artistique ?

-J’ai un parcours artistique plutôt atypique, initialement une formation de styliste modéliste haute couture et des études supérieures dans l’Industrie de l’habillement.

Je retiens principalement de ces années une passion pour le dessin et l’histoire de l’art.

Marie-Noëlle Pécarrère, Petrified Love

© Marie-Noëlle Pécarrère, Petrified Love, Huile sur Toile, 65×50 cm

Quelle a été ta première rencontre avec l’art ?

-J’ai vécu à Abidjan jusqu’à l’âge de six ans, mon père était collectionneur d’art Africain.

Quelles sont tes influences artistiques ?

-Actuellement la peinture figurative classique, principalement la peinture Flamande, Romantique, et Naturaliste.

Marie-Noëlle Pécarrère, King Vico

© Marie-Noëlle Pécarrère, King Vico, Huile Sur Toile, 65×50 cm

Souvent les artistes partagent leur vie entre un métier lucratif et leur passion, est-ce ton cas ?

-J’ai crée et animé un atelier collectif de mosaïque pour ne me consacrer finalement qu’au dessin et à la peinture.

Arriverais-tu à concilier les deux ?

-Je ne pense pas que se soit possible car cette activité ne se limite pas à la création, et il y a un important travail de communication à effectuer si on désire vivre de son travail.

D’où vient ton inspiration ?

-De mon vécu, de mes auteurs, artistes et plasticiens préférés, littérature, cinéma, musique peinture …

As-tu une technique que tu affectionnes plus particulièrement ? Pourquoi ?

-Le textile de part ma formation, mais j’affectionne particulièrement la peinture à l’huile actuellement.

Marie-Noëlle Pécarrère, Love Kills

© Marie-Noëlle Pécarrère, Love Kills, Broderies, encres, 65×50 cm

Comment te définir personnellement à ce jour ?

-Plasticienne polyvalente.

Quelle est pour toi la définition de l’art ?

-Avant tout l’expression artistique d’une personnalité propre, et non la copie plus ou moins conforme du travail d’autrui que je considère davantage comme une forme d’artisanat.

Si tu étais un personnage célèbre, qui serais-tu et pourquoi ?

-Comme j’ai trois enfants j’ai d’autant plus d’admiration pour des artistes tel que Sonia Delaunay car elle à su concilier sa vie de mère, d’épouse et d’artiste.

Marie-Noëlle Pécarrère, Green Fuzz

© Marie-Noëlle Pécarrère, Green Fuzz : Oil on Canvas : Work in Progress 3, 50×65 cm

Quelle est ton œuvre préférée ? Pourquoi ?

Le jardin des délices de Jérôme Bosch, œuvre énigmatique aux multiples significations et interprétations.

TA DEMARCHE

Existe-t-il des thèmes majeurs dans tes créations ?

-La dualité éros- thanatos, l’anatomie, le végétal, la structure de toute chose.

En moyenne, combien de temps passes-tu sur une production ?

-Tout dépend du format et de la technique employée. Il faut en moyenne six mois pour monter une exposition.

Les voyages, sortir, te déplacer, est-ce que cela tient une place dans ton inspiration ?

-J’ai passé mon enfance à voyager Outremer, en fonction des affectations de mon père, cela à certainement nourri mon imaginaire, Visiter régulièrement des expositions, musées est professionnellement incontournable, et je fais également beaucoup de photographies car j’aime travailler avec mes propres prises de vue.

Marie-Noëlle Pécarrère, MAUI-WAUI

© Marie-Noëlle Pécarrère, MAUI-WAUI, 40x40cm, Acrylique et Broderies sur Toile

Comment définir ton style artistique ?

-On peut assimiler mon travail actuel au lowbrow ou à une forme de néo surréalisme,

Agis-tu par impulsion ou par des actes réfléchis dans tes créations ?

-Il y a souvent un processus d’écriture automatique dans ma création, parfois ce sont des associations d’idées ou de formes mais je m’efforce de présenter un travail conceptuellement et plastiquement cohérent sur un thème donné.

Marie-Noëlle Pécarrère, Death Records

© Marie-Noëlle Pécarrère, Death Records, Broderies, Encres, 65×50 cm

Lors de tes créations, essayes-tu de faire « passer » des messages ? Si oui lesquels ?

-A l’instar des peintures médiévales, j’aime les images à lecture multiple. Dans ma série « Anatomy », j’ai détourné l’imagerie surannée des cartes postales victoriennes, des pédagogiques vignettes illustrées des manuels scolaires du siècle dernier, en sublimant leur style graphique tout en modifiant de manière iconoclaste leur rôle et signification.

Je me suis intéressée au rapport entre l’homme et le végétal, des similitudes de leurs biologies, de l’alchimie graphique de leur hybridation surréaliste, pour exprimer la symbiose qui nous liait à la nature dans une ironique sentence expiatoire.

Marie-Noëlle Pécarrère, Le Grand Cerf

© Marie-Noëlle Pécarrère, Le Grand Cerf, Huile sur Toile, dernières retouches, 65×50 cm

Impliques-tu tes émotions personnelles dans tes œuvres ?

-Si une création artistique est l’expression d’une personnalité, elle peut être travestie tel un comédien qui feint d’être celui qu’il représente, et chaque style graphique à son propre vocabulaire émotionnel, selon ce que l’on désire exprimer.

Une fois aboutie, ta production te paraît-elle, comme ce que tu avais imaginé ?

-Oui car il y a un travail préparatoire à l’aval de chaque création, je travaille souvent à partir de photomontages numériques qui me permettent de simuler la composition et le rendu pictural.

Marie-Noëlle Pécarrère, Heaven Lies

© Marie-Noëlle Pécarrère, Heaven Lies, broderies sur toile, 50×65 cm

Tu viens de faire une exposition, peux-tu nous en parler ?

-Les expositions collectives sont très intéressantes, car elles permettent de rencontrer d’autres artistes, d’autres travaux, un public différent, de créditer son travail et progresser. Sur ce dernier point ma dernière exposition a été prolifique car mon travail semble apprécié et j’ai eu de nouvelles propositions d’exposition.

Marie-Noëlle Pécarrère, Earth Lung

© Marie-Noëlle Pécarrère, Earth Lung, Huile Sur Toile, 65×50 cm

TES PROJETS

Des projets futurs ?

-Des projets de sculpture, bas relief polychromes et installations sont en cours.

Merci Marie-Noëlle du temps que tu as bien voulu m’accorder, tes réponses sont d’une précision tout aussi chirurgicale que ton travail. Je suis sincèrement heureuse de partager ta démarche sur le blog ; je suis sûre que cela va en interpeller plus d’un !

 

Comment les lecteurs intéressés peuvent-ils suivre ou contacter Marie-Noëlle Pécarrère ? Adresse Facebook ou autres

Oui, vous pouvez me contacter sur Facebook, … Merci Sylvia Sourire 

 

© S. Ladic 

 

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3 Responses »

  1. Pingback: Classicisme, surréalisme et broderie, un...

  2. Bonjour. Cet article est intéressant. Je commence à travailler ma technique picturale depuis 2013. Je dessine régulièrement des croquis pour me perfectionner et j’ai trouvé intéressant de réaliser certains de mes croquis en broderie d’où mon intérêt pour cet article. Merci pour le partage de vos recherches et interviens avec d’autres artistes. L’art m’apporte beaucoup pour mon métier de couturière.

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